Un Français sur 10 est désormais client d’une banque 100% en ligne, un chiffre qui a progressé de 20% entre 2015 et 2016. Cet « âge d’or » est-il durable ? Quelques nuages bouchent l’horizon, a constaté le cabinet Simon-Kucher.

7,1% en 2014, 8,3% en 2015 et 10% en 2016 : s’il reste encore le fait d’une minorité, le recours aux banques 100% en ligne progresse, et accélère d’année et année. Selon une récente étude Simon-Kucher/Research Now (1), la part des Français détenant au moins un compte chez un acteur sans agence a ainsi progressé de 20% entre 2015 et 2016, après +14% entre 2104 et 2015. Une enseigne tire particulièrement son épingle du jeu dans ce contexte : Boursorama Banque. La filiale de la Société Générale a dépassé le million de clients début 2017 (+32% sur un an) et s’affiche désormais comme le leader de ce marché.

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Pas de déclin à court terme

Dans l’immédiat, rien n’indique que cet élan puisse s’interrompre à court terme. Les intentions de migration vers une banque en ligne continuent ainsi à progresser : 31% des Français envisagent aujourd’hui de transférer tout ou partie de leurs comptes dans une banque en ligne, ou d’y ouvrir un nouveau compte. Ils n’étaient que 22% en 2015 et 15% en 2014.

Ce flux toujours plus important de nouveaux clients est alimenté principalement par la volonté de bénéficier d’une carte bancaire gratuite (citée par 72% des sondés), de faire des économies sur les frais bancaires (64%) et de bénéficier d’offres de bienvenue (49%). Une dimension tarifaire qui pèse toutefois un petit peu moins qu’en 2015, au contraire de la réputation de réactivité des enseignes numériques (citée par 18% des sondés, +6 points) ou leur bonne image (10%, +3 points).

Les tarifs ne suffisent pas

Cette primauté des tarifs sur la qualité de service, parmi les raisons qui motivent les clients bancaires à migrer vers une banque en ligne, n’est pas une surprise. En termes de canaux numériques, les banques traditionnelles ont en effet travaillé et rattrapé une bonne partie de leur retard. « L’écart s’estompe, le réel avantage des banques en ligne est celui des prix », constate Florent Jacquet, associé Simon-Kucher et expert du secteur bancaire.

Pour autant, la seule promesse d’économies va-t-elle suffire à faire basculer massivement la clientèle bancaire ? Non, estime Florent Jacquet : « Le segment des clients qui recherchent avant tout un prix bas ne dépasse pas 15 ou 20% des Français. » Ces derniers pourraient, de plus, être prochainement déçus. « La promesse de prix bas pèse naturellement sur le modèle économique et la rentabilité atteignable par les établissements en ligne », note Simon-Kucher. Certaines enseignes en ont déjà pris acte, en modifiant leurs politiques tarifaires, à l’image de Boursorama Banque ou d’ING Direct.

Une attente pour des services à valeur ajoutée

Ainsi, « les banques en ligne vont devoir miser sur d’autres atouts pour poursuivre leur croissance », analyse Simon-Kucher, en particulier sur le développement de produits à forte valeur ajoutée, plus faciles à facturer que la tenue de compte ou les moyens de paiement.

Il y a d’ailleurs une attente : 75% des clients veulent ainsi des produits d’investissement moins complexes, 67% des produits d’épargne ou de crédit également plus simples et 42% des outils de gestion budgétaire facilement utilisables. Attention toutefois : ce sont autant de créneaux où les banques en ligne affrontent désormais la concurrence des fintechs, des robo advisors ou assimilés (Yomoni, Advize) aux agrégateurs (Linxo, Bankin’).

Hello Bank perçue comme la banque la moins chère

Le battage publicitaire paye. Hello Bank, le service de banque mobile adossé à BNP Paribas, est considéré comme une enseigne bon marché ou très bon marché par 49% des sondés. Elle devance Fortuneo (47%) et Boursorama Banque (46%). Un ressenti qui ne cadre pourtant pas vraiment avec la réalité.

A consulter : le classement cBanque des enseignes les moins chères

Logiquement, Hello Bank arrive également en tête des banques envisagées en cas de migration. Elle fait même un bond spectaculaire, citée par 34% des sondés en 2016 contre 17% en 2015. Boursorama Banque, pourtant de loin l’enseigne la plus dynamique du moment en matière d’ouverture de comptes, arrive en deuxième position (31%), devant ING Direct (30%) et Fortuneo (28%).

(1) Etude online Simon-Kucher - Research Now menée sur un échantillon de 1.054 Français âgés de 18 à 65 ans en février 2017