L’offensive de l’Autorité des marchés financiers envers les sites proposant des gains mirobolants en investissant sur le forex et les options binaires se poursuit. Nouvel épisode : l’AMF a testé plusieurs sites et mesuré les améliorations, réelles mais largement insuffisantes.

L’AMF ne ménage pas ses efforts pour pointer les dangers de l’investissement sur le forex ou les options binaires : liste noire des sites non autorisés, messages d’alerte ciblés, estimation des pertes des investisseurs, etc. Des efforts qui ont en partie abouti puisque, suite à la demande du gendarme financier, le législateur a interdit les publicités vantant les produits les plus risqués dans le cadre de la loi du 9 décembre 2016, dite Sapin 2.

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Pour « avoir une connaissance concrète des pratiques de commercialisation des sociétés proposant du trading », l’AMF a réalisé une seconde séries de « visites mystère » sur ces sites, après de premiers tests en 2014. Les résultats ont été publiés jeudi dernier dans l’Observatoire de l’épargne de l’AMF. Surprise, étant donnée la force des mises en garde de l’AMF envers ces sites : l’autorité reconnaît des « améliorations » par rapport à 2014. Pour rappel, lors de la première série de tests, l’AMF avait pointé des soucis d’identification du client, un engrenage commercial « infernal », un risque minimisé et, surtout, une grande difficulté à récupérer l’argent investi.

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En progrès : connaissance client et retrait des fonds

Les visites mystère, effectuées d’août à décembre 2016 sur 15 plateformes actives en France, ont donc permis de constater certains « progrès » aux dires de l’Autorité des marchés financiers. Tout d’abord sur l’évaluation des connaissances financières du client préalable à l’investissement. Si l’AMF affiche des réserves sur la qualité des questionnaires, elle souligne leur systématisation, et le fait qu’un message d’avertissement s’affiche si le client est identifié comme « totalement débutant ».

Dans la catégorie progrès, l’AMF liste aussi des pages d’accueil « plus neutres que par le passé », des messages sur le risque « un peu plus visibles », quoique « vagues », et des pratiques commerciales « moins agressives ». Plus important : « le client [mystère] a réussi à effectuer des retraits de fonds sur l’ensemble des plateformes testées et à fermer les comptes sans difficulté », alors que cela avait été loin d’être le cas en 2014. Précision d’importance, toutefois : pour ce second test, l’effort a été porté sur des plateformes affichant l’agrément du régulateur chypriote, la CySEC, cas le plus courant sur ce marché, alors que la démarche était plus large en 2014 avec un site testé sans aucun agrément.

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Insuffisant : compréhension du risque, conseil, transparence…

Du mieux, donc, mais encore beaucoup d’insuffisances, suffisamment graves pour que l’AMF affirme que ces sites de trading « ne respectent pas les règles de protection des épargnants ». Ainsi les formations mises en avant par les plateformes sont parfois partiellement accessibles, et « toujours indigentes », ne permettant nullement de compenser une « absence totale de connaissance » du client.

L’AMF qualifie en outre les outils de trading d’« inintelligibles », le régulateur pointant notamment un manque de « transparence sur les montants en jeu ». Quant aux conseillers, comme en 2014, ils sont décrits comme « parfois très directifs », guidant bien trop fortement le client dans ses investissements. En revanche, quand le client ne se manifeste pas et enregistre des pertes, la plateforme ne l’avertit pas.

Pour résumer, céder aux sirènes des sites promettant des gains faciles et sans trop d’efforts reste (fortement) déconseillé.