Le nombre de dossiers de surendettement déposés auprès de la Banque de France a baissé de 10,6% en 2016. Toutefois, l'endettement global moyen des surendettés a augmenté de près de 15% en cinq ans, selon une étude publiée mardi.

Sur les 194.194 dossiers de surendettement déposés l'an dernier, la part du crédit à la consommation dans l'endettement global des ménages a baissé en l'espace de cinq ans, passant de 58,2% en 2011 à 39,3% en 2016. De même, l'endettement moyen au titre des crédits à la consommation a baissé de près de 4.600 euros en cinq ans, celui-ci s'élevant à 20.619 euros en 2016.

En revanche, l'endettement global moyen des surendettés a été de 42.334 euros en 2016, en augmentation de près de 15 % par rapport à 2011. Le montant des arriérés de charges courantes – logement, énergie et transport entre autres – ainsi que les dettes diverses (les cautions, les dettes contractées auprès de la famille, par exemple) a effectivement progressé de près de 38% en cinq ans.

Octroi de crédits : les banques ont fait des efforts

« Le point positif, c'est que les établissements de crédit ont fait des efforts dans l'octroi de crédits, notamment renouvelables », a estimé auprès de l'AFP Maxime Pekkip, chargé de mission prévention pour Cresus, association d'aide aux personnes en difficulté financière.

« Mais on assiste désormais à un transfert du problème depuis les établissements de crédits vers les créanciers minoritaires – bailleurs sociaux, fournisseurs d'énergie, de services – car les crédits à la consommation masquaient une incapacité à faire face aux charges courantes », développe-t-il. Maintenant ces créanciers « doivent faire face à des problématiques de surendettement dans des proportions plus importantes et qui les affectent aussi, faute de circuits de recouvrement adaptés ».

La part des dettes immobilières progresse

Par ailleurs, la part des dettes immobilières dans l'endettement global a elle aussi progressé en cinq ans, passant de 22,6% en 2011 à 35,3% en 2016. Près de 14% des dossiers d'endettement déposés l'an dernier ont été concernés par ces dettes immobilières contre 8,7% en 2011. Sur ces cas, l'endettement moyen par dossier se chiffre à 107.987 euros, soit une augmentation de 12.735 euros en cinq ans.

« Cette évolution est à mettre en relation avec les réformes législatives de 2010 et de 2013 qui permettent aux propriétaires et aux accédants à la propriété de bénéficier de la procédure de surendettement », avance la Banque de France dans un communiqué.

Deux tiers de personnes seules

Quant au profil des personnes surendettées, plus de la moitié sont des femmes (54,1%), dans les deux tiers des cas (66,1%) ces personnes surendettées sont seules (célibataires, séparés, divorcés ou veufs), sans personne à charge (53,9%) et locataires (76,3%).

On y retrouve autant de salariés en CDI (28,2%) que de chômeurs (28,7%). Les catégories socioprofessionnelles les plus touchées sont les employés (33,9%) et les ouvriers (23,6%). En termes d'âge, les personnes surendettées appartiennent majoritairement à la tranche des 35-54 ans (52,9%) tandis que les 65 ans et plus représentent 9,1% des cas.

Toutefois, « cette étude ne prend pas en compte les exclus de la procédure de surendettement, à savoir les autoentrepreneurs qui représentent une quote-part de plus en plus importante de la population fragile, car ils sont soit déclarés irrecevables au moment de la procédure, soit directement rejetés au moment du retrait de dossier », déplore pour sa part M. Pekkip.