L'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron a dévoilé jeudi dans les Echos le cadrage économique de son projet pour la présidentielle, promettant 60 milliards d'économies dans les dépenses publiques et 50 milliards d'euros d'investissement public pendant le quinquennat.

Dans un entretien mis en ligne jeudi soir par le quotidien économique, le candidat d'En Marche ! déclare que le « poids de la dépense publique devra être progressivement ramené vers la moyenne de la zone euro », alors qu'il était en 2015 de 57% du PIB, contre 48,5% en zone euro en moyenne. Il prévoit donc « une baisse de 3 points de la part des dépenses dans la richesse nationale », soit 60 milliards d'économies sur le quinquennat, un objectif en ligne avec celui que s'était fixé François Hollande en 2012.

Pour les réaliser, M. Macron vise « 25 milliards d'économies sur la sphère sociale », dont 15 milliards sur l'Assurance maladie et 10 milliards sur l'assurance chômage, « grâce aux réformes structurelles ». M. Macron estime que le taux de chômage « peut raisonnablement atteindre 7% en 2022 » - contre 10% en France en 2016.

L'ancien locataire de Bercy entend également réduire de 10 milliards d'euros sur cinq ans les dépenses des collectivités locales, en nouant avec elles un « pacte » et en leur donnant des « marges de manœuvre ».

« Aujourd'hui, quand l'Etat décide d'augmenter le salaire des fonctionnaires, les collectivités n'ont pas leur mot à dire. Ce sera à elles de décider désormais pour leurs agents. Elles pourront également recourir plus largement à des recrutements de droit privé. Je leur demande par ailleurs, comme l'a indiqué la Cour des comptes, de respecter la durée annuelle légale du temps de travail : 1.607 heures par an. Autre liberté : les communes qui le souhaitent pourront revenir sur la réforme des rythmes scolaires », développe M. Macron. Pour les 25 milliards restants, l'effort « reposera sur un mode de gouvernance totalement nouveau » de l'Etat.

M. Macron veut lui permettre de « recruter hors du statut pour les fonctions d'encadrement », « donner la possibilité d'avoir plus de souplesse dans la gestion des carrières, des rémunérations plus individualisées, et des mobilités ». Il entend revenir à un seul jour de carence pour les fonctionnaires, mesure instaurée par la droite et abrogée par François Hollande en 2012.

M. Macron estime également « possible » de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires, 70.000 venant des collectivités et 50.000 de l'Etat. « Ce n'est pas un objectif, mais un référentiel, ce sera aux ministres de faire des choix », explique M. Macron.

Le gouvernement devrait se composer d'une « petite quinzaine de ministres », s'appuyant sur des cabinets très resserrés, « de l'ordre de cinq personnes », et sur une administration soumise au « spoil system »: « Dans les deux premiers mois du quinquennat, je changerai ou confirmerai l'intégralité des postes de direction dans la fonction publique... C'est une mise sous tension de l'appareil d'Etat ».

Il promet de détailler prochainement une réforme des retraites qui ne sera pas « guidée par une logique budgétaire mais par une logique d'équité ». M. Macron propose par ailleurs 50 milliards d'euros d'investissement public sur le quinquennat, dont 15 milliards consacrés à la formation et 15 autres à la transition écologique et énergétique.

« Autres priorités : la modernisation des administrations publiques (numérisation), l'agriculture, les transports locaux, et la santé ». Concernant la fiscalité, son objectif est « d'aboutir à une baisse nette des prélèvements obligatoires de 20 milliards » sur le quinquennat. M. Macron réaffirme également son objectif de rester « dans l'épure des 3% de déficit avec des prévisions de croissance prudente : 1,4% cette année, 1,8% en 2022 ».