Que se passe-t-il, du point de vue des tarifs bancaires, quand deux banques régionales fusionnent ? De récents exemples au sein du groupe Banque Populaire - Caisse d’Epargne démontrent que ces opérations se font souvent aux dépens du client. Eclairage.

Le 28 novembre 2014, les Banques Populaires d’Alsace et de Lorraine-Champagne achevaient leur fusion au sein d’une entité unique. Ce faisant, la nouvelle BPALC ouvrait la voie à plusieurs rapprochements d’enseignes régionales au sein du groupe BPCE. Depuis, la Caisse d’Epargne Provence-Alpes-Corse a ainsi absorbé les banques de la Réunion et des Antilles françaises. Les Banques Populaires Côte d’Azur et Provençale et Corse, ainsi que la Banque Chaix, sont devenues la Banque Populaire Méditerranée. Et les Banques Populaires des Alpes, Loire et Lyonnais et Massif Central se sont rassemblées sous le pavillon de la Banque Populaire Auvergne Rhône Alpes.

L’intérêt de ces fusions, pour les enseignes concernées, est assez évident. Dans une conjoncture particulièrement défavorable à la banque de détail, affectée par les taux bas, les tours de vis réglementaires et l’évolution des usages des clients, il s’agit notamment de mutualiser certaines fonctions (informatique, marketing, conformité, etc.) de réaliser des économies d’échelle et donc de couper des coûts. Mais qu’en est-il pour les clients ? Tirent-ils un avantage de ces fusions ? La réponse est clairement non, au moins du point de vue tarifaire.

Une tarification unique mais inégale

Pour en arriver à cette conclusion, nous avons comparé l’évolution des grilles tarifaires des enseignes concernées, avant et après les fusions. A commencer par celles des Banques Populaires Lorraine-Champagne et Alsace, devenues Banque Populaire ALC.

Dans ce cas précis, les deux enseignes ont fait le choix de concevoir une nouvelle grille tarifaire unique, s’appliquant indifféremment à tous les clients. Bilan : les anciens clients de l’ancienne Banque Populaire Alsace y ont très nettement perdu. Sur les 31 lignes tarifaires modifiées, 21 ont enregistré une hausse et 10 seulement ont baissé. Les augmentations ont notamment concerné des produits très courants comme les cartes bancaires (à l’exception de la très haut de gamme Visa Infinite) mais aussi des services plus secondaires, comme les retraits et achats en devises ou les frais d’incident. Certaines hausses sont spectaculaires : du jour au lendemain, le coût d’un transfert de PEL est ainsi passé de 70 à 100 euros.

En revanche, les anciens clients de la Banque Populaire Lorraine Champagne ont plutôt profité de la fusion. Pour eux, la nouvelle tarification est assez proche de l’ancienne : 14 lignes seulement ont été modifiées, 5 sont en hausse et 9 en baisse, notamment les virements et prélèvements initiés en agence. Vous avez dit injuste ?

BP Auvergne Rhône Alpes : tous perdants

A l’occasion de leur récente fusion, les Banques Populaires Massif Central, Loire et Lyonnais et Alpes ont fait un choix différent. Les grilles tarifaires ont bien été revues, mais certaines différences de prix ont été maintenues, selon l’agence de rattachement du client.

Ce choix a-t-il permis de gommer des inégalités ? En partie sans doute, mais pas complètement. Les anciens clients de Loire et Lyonnais ont été les plus désavantagés : sur 18 lignes tarifaires modifiées, 16 enregistrent une hausse de prix et 2 une baisse. Tous les clients, toutefois, ont subi les conséquences tarifaires de la fusion : les prix en augmentation sont également majoritaires pour les anciens clients de la BP Massif Central - 9 hausses pour 6 baisses - et ceux de la Banque Populaire des Alpes - 9 hausses pour 4 baisses.

Voir par ailleurs les tarifs dans les Banques Populaires