La Banque de France vient de publier son bilan trimestriel de l’épargne des ménages (1), pour la fin de l’année 2016. L’occasion de faire le point sur les arbitrages des épargnants français l’an passé, ou plutôt sur les non-arbitrages : comme en 2015, ce sont en effet les dépôts à vue qui enregistrent les flux les plus importants.

Dépôts à vue : +33,7 milliards d’euros

Comme en 2015, la démotivation face aux taux bas et la crainte du lendemain, qui encourage à garder de l’argent sous la main, ont poussé les Français à laisser leur argent sur leurs comptes courants. Selon les chiffres de la Banque de France (2), les flux positifs sur les dépôts à vue ont atteint 33,7 milliards d’euros en 2016, à peu près au même niveau qu’en 2015 (35,1 milliards) et beaucoup plus qu’en 2014 (18,8 milliards). A la fin de l’année 2016, ce sont donc près de 415 milliards d’euros qui dormaient sur les comptes courants, en attendant que les taux se relèvent.

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Livrets d’épargne : +3 milliards d’euros

11,5 milliards de décollecte en 2015, 9,9 milliards en 2014 : les livrets d’épargne sortaient de deux années très difficiles. De manière assez inattendue, cette catégorie de placements - qui inclut selon la Banque de France les livrets d’épargne réglementée (Livret A, LDD, LEP, CEL) et les livrets fiscalisés à taux de marché - a connu un renouveau en 2016. La surprise est d’autant plus grande que les taux des livrets fiscalisés ont continué à chuter l’an passé (de 0,56% en moyenne fin 2015 à 0,34% en décembre dernier) - et que ceux des produits réglementés sont restés stables (0,75% pour le Livret A et le LDD). Fin 2016, l’encours total des livrets tutoyait les 600 milliards d’euros.

La Banque de France ne fournit pas le détail, mais on sait grâce à la Caisse des dépôts que le Livret A a représenté l’essentiel de ces nouveaux flux. Selon l’institution, le produit a fini l’année 2016 dans le vert pour la première fois depuis 2013. Une collecte nette modeste (1,75 milliard d’euros), mais qui ressemble à un retournement de tendance. 2017, l’année du Livret A ?

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Comptes à terme : -3,2 milliards d’euros

Contrairement aux livrets d’épargne, les comptes à terme n’ont pas redressé la tête en 2016. Les flux pointés par la Banque de France sur ce type de placements sont négatifs de 3,2 milliards d’euros. C’est un peu mieux qu’en 2015 (-6,3 milliards) et au même niveau qu’en 2014. Signe que les comptes à terme ne font plus recette, leur encours total est passé sous la barre des 70 milliards d’euros.

Plan épargne logement : +18,4 milliards d’euros

Le succès du PEL ne se dément décidément pas. Selon la Banque de France, les flux vers le produit ont atteint 18,4 milliards d’euros en 2016. C’est un peu moins bien qu’en 2015 (22,6 milliards) mais mieux qu’en 2014 (17,5 milliards).

Malgré la baisse du taux des nouveaux PEL à 1% au 1er août dernier, le produit a encore enregistré des flux de 4,6 milliards d’euros au 4e trimestre 2016. Il faut dire que la rémunération moyenne du PEL, toutes générations confondues, reste très élevée : 2,74% en décembre 2016. A la faveur de cette belle année, le PEL a battu son record d’encours, en dépassant les 275 milliards d’euros (3) fin 2016.

Assurance-vie : +37,5 milliards

Certains vont jusqu’à évoquer une crise de l’assurance-vie. Les chiffres de la Banque de France ne confirment pas ce diagnostic. Avec un flux de 25,5 milliards d’euros en 2016, les fonds euros font effectivement moins bien qu’en 2015 (32,2 milliards) et 2014 (43,5 milliards). Les unités de compte, également, baissent par rapport à 2015 : 12 milliards de flux en 2016, contre 16,2 milliards un an avant.

Toutefois, plutôt que de crise, il faudrait sans doute parler d’un ralentissement, lié assez clairement à la baisse des rendements constatés depuis plusieurs années. Car l’assurance-vie reste malgré tout, de très loin, le placement préféré des Français, avec un encours fin 2016 de 1.701 milliards d’euros selon l'estimation de la Banque de France.

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(1) La notion de ménages retenue par la Banque de France inclut les particuliers, les entrepreneurs individuels et les institutions sans but lucratif. (2) Sauf mention contraire, les chiffres cités dans cet article sont fournis par la Banque de France. Au moment d’écrire cet article, les chiffres du 4e trimestre sont encore provisoires. Les chiffres du 3e trimestre le sont également pour l’assurance-vie et les OPC. (3) Ce chiffre fourni par la Banque de France inclut également l’encours des PEP (Plans d’épargne populaire). Celui-ci est toutefois négligeable par rapport au PEL.