L'organisme de réflexion France Stratégie a estimé mardi que la France devrait consacrer tous les ans 6 milliards d'euros supplémentaires au financement des start-ups. Elle élabore trois pistes de réflexion et invite ainsi les pouvoirs publics à réfléchir aux moyens nécessaires pour mobiliser l'épargne des ménages.

Dans une note destinée à « éclairer le débat en amont de l'élection présidentielle », France Stratégie constate et déplore que la croissance des start-ups européennes est bien moins rapide qu'aux Etats-Unis, alors qu'il se crée autant de jeunes pousses sur le Vieux Continent que dans le Nouveau Monde. « Parmi les nombreux facteurs qui influencent la capacité de développement des start-ups, l'accès au financement est critique » en dépit de l'intervention des pouvoirs publics – avec notamment Bpifrance –, en l'absence de fonds de pension et de fondations universitaires, note l'organisme de réflexion gouvernemental.

Pour ne pas accroître son retard dans la révolution numérique, la France « devrait se fixer comme objectif de rattraper en cinq ans le niveau de financement, exprimé en pourcentage du PIB, que l'on observe aux États-Unis », estime France Stratégie. C'est-à-dire un quadruplement, à 8 milliards d'euros, pour passer de 0,1 à 0,4 point de PIB.

Réformer la fiscalité de l'épargne ?

« Du point de vue du financement des start-ups, l'enjeu pour la France est donc double : augmenter les flux globaux investis et permettre l'apparition d'acteurs de taille plus importante », et aussi favoriser leur internationalisation, selon l'organisme. Il envisage trois pistes pour mieux mobiliser l'épargne des ménages vers le capital-risque, afin de trouver 6 milliards d'euros par an pour les start-ups.

La solution « la plus logique, mais aussi la plus radicale », juge-t-il, consisterait à réformer la fiscalité de l'épargne, afin que « les placements les plus risqués, notamment dans les entreprises et le capital-risque, aient en moyenne un rendement après impôt plus élevé que les placements moins risqués ».

Modifier les produits d'épargne réglementés existants

Une autre solution viserait à améliorer les dispositifs existants en les ciblant mieux sur le capital-risque, car ils offrent des bénéfices potentiels bien plus faibles que dans d'autres pays, note France Stratégie (qui cite l'exemple britannique). « Pour être neutre sur les finances publiques, cette option supposerait de durcir quelque peu, dans le même temps, la fiscalité sur les autres types d'investissements », observe le think-tank gouvernemental.

France Stratégie propose enfin de modifier les produits d'épargne réglementés existants, en dirigeant les sommes collectées vers les start-ups. Cette option « se heurte cependant à la complexité des dispositifs et à leur faible lisibilité » et elle suppose aussi « de prendre d'autres mesures de durcissement de la fiscalité pour assurer sa neutralité sur les finances publiques ».