Dans quelques jours, Boursorama Banque sera la deuxième banque en ligne française, après ING Direct mi-2015, à passer le cap du million de clients. Depuis trois ans, la filiale de la Société Générale avance très vite, beaucoup plus que ses concurrentes. Nous avons demandé à son directeur général adjoint, Benoît Grisoni, de nous expliquer pourquoi.

Benoît Grisoni, à l’heure où nous nous parlons [le mardi 24 janvier à 10h30], Boursorama Banque a-t-elle atteint le million de clients ?

Benoît Grisoni : « Non, pas encore. Ce sera pour les jours à venir, fin janvier ou début février. Evidemment, on a hâte que ça se réalise. ».

Il y a un an, l’objectif annoncé d’atteindre les 975.000 clients fin 2016 paraissait très ambitieux. Au final, vous y êtes parvenus…
« Nous avons doublé le nombre de nos clients en trois ans »

B.G. : « Oui, nous avons fini 2016 à 977.000 clients environ, ce qui représente une croissance de 29% sur un an. Nous n’avons cessé d’accélérer depuis 2013, doublant le nombre de nos clients en trois ans. C’est aussi la 4e année de rang que nous parvenons à atteindre l’objectif de conquête affiché. C’est un vrai motif de fierté, car ce n’est pas évident à réussir. »

Vous captez aujourd’hui beaucoup plus de nouveaux clients que vos concurrents. Comment expliquer cet écart ?

B.G. : « Il y a, je pense, trois facteurs qui entrent en jeu. Nous injectons d’abord plus de moyens que nos concurrents dans le marketing et la promotion. La marque Boursorama est bien connue dans les grandes villes, moins dans le reste du territoire. Nous devons donc faire parler de nous. Nous disposons ensuite d’un catalogue complet, avec des offres compétitives dans toutes nos gammes, ce qui est rassurant pour nos futurs clients et peut faire une différence au moment de choisir sa future banque en ligne. Il y a enfin l’évolution des attentes de la clientèle bancaire, qui utilise de moins en moins les agences et valorise de plus en plus l’autonomie et la transparence. Je reste persuadé qu’il y a un momentum, un contexte historiquement favorable pour le type d’expérience bancaire que nous proposons. »

Cette expérience, justement, a beaucoup évolué en 2016, avec un nouveau site client lancé en début d’année et l’intégration progressive d’outils de coaching budgétaire…
« Offrir à nos clients une vision 360° de leurs finances »

B.G. : « Oui, nous avons pris de l’avance dans ce domaine, grâce notamment au rachat de Fiduceo en 2015. Nous proposions déjà l’agrégation de comptes externes et le coffre-fort électronique. Au passage, on se rend compte que ce dernier service, qui permet de stocker en ligne ses factures et de les associer aux opérations correspondantes, est très utilisé, plus que l’agrégation de comptes en tant que telle. Nous avons ajouté plus récemment une rubrique baptisée ''Mon budget'', qui comprend un solde prédictif [une projection de l’évolution à venir du solde basé sur l’analyse des dépenses passées, NDLR] et des outils d’aide au pilotage budgétaire. Tout cela permet de mettre en place un écosystème très vertueux et d’offrir à nos clients, souvent multibancarisés, une vision 360° de l’ensemble de leurs finances. »

Vous avez également choisi de rendre l’agrégation de comptes bancaires gratuite, alors qu’elle était auparavant facturée au-delà d’un certain niveau d’usage. Pourquoi ?

B.G. : « Tout simplement parce que c’était un frein psychologique majeur pour nos clients, et que notre but est qu’ils s’emparent massivement de ces outils. Tant que vous ne les avez pas essayés, vous ne pouvez pas être convaincus… »

Etes-vous réellement convaincu que les Français sont prêts pour ces nouveaux services ?

B.G. : « Oui, je suis persuadé qu’il y a une attente pour ce type d’architecture ouverte, qui au final facilite la vie des clients. La seule limite aujourd’hui est celle de la sécurité. C’est pourquoi il nous faut être prudents et humbles, car la crédibilité et la réassurance sont essentielles pour nos clients. »

Quel est votre point de vue, pour finir, sur le nouveau dispositif de mobilité bancaire, qui entre en vigueur le 6 février prochain ?
« La loi Macron lève un frein psychologique »

B.G. : « Je l’envisage très positivement. Sa mise en place, évidemment, a nécessité des développements longs et coûteux. Mais le mandat de mobilité et la redirection automatiques des opérations récurrentes sont de nature à lever certains freins psychologiques au changement de banque, et constituent donc des opportunités d’accélérer encore la conquête de nouveaux clients. »