Les publicités qui vantent des gains impressionnants grâce aux options binaires, aux CFD ou au Forex sont désormais illégales, suite à l’entrée en vigueur de la loi Sapin 2. L’Autorité des marchés financiers s’en félicite.

« La promesse d’un gain facile et sans risque est un leurre absolu. » Depuis plusieurs années, l’AMF tente d’alerter le grand public sur les dangers de l’investissement sur le Forex ou les options binaires. En répétant ce type de message d'alerte, en publiant des listes noires de sites peu recommandables, en réalisant des « visites mystère », ou en chiffrant les pertes : 175 millions d’euros « contre 13 millions d’euros de gains sur 4 ans », selon une étude de l’AMF publiée en 2014 (1).

Pour tenter de « couper le robinet dès le départ », « le régulateur s’est emparé de tous les moyens à sa disposition et a notamment proposé » d'interdire la publicité sur ces produits, a souligné mardi le secrétaire général de l'AMF Benoît de Juvigny, à l’AFP, lors d’une conférence de presse sur le sujet. Le gendarme financier a en effet été à l’origine de l’interdiction de la publicité en ligne sur les produits les plus risqués dans le cadre de la loi Sapin 2, publiée le 10 décembre 2016 au Journal officiel.

L’AMF espère une diminution des arnaques « dès cette année »

Afin que cette interdiction soit efficace, l’AMF et la Répression des fraudes (DGCCRF) vont réaliser une « veille active », et les sanctions pourront aller jusqu’à 100.000 euros par publicité. Le dispositif touchera aussi bien les prestataires d’investissement que les agences et diffuseurs de publicité, afin qu’il permette aussi de barrer les publicités des acteurs situés hors de France. Les communications sur internet (bannières, emails, pop-up, etc.), à la télévision et à la radio sont concernées par cette interdiction.

AMF publicités Forex
Extrait d'un document de l'AMF

Les sponsors des clubs de foot eux aussi visés

Certains clubs sportifs, de football professionnel en particulier, étaient partenaires de ce type de sites proposant du trading en ligne hautement risqué. Des actions de mécénat et de parrainage qui sont désormais elles aussi interdites. A une nuance près : « Les contrats relatifs aux opérations de parrainage ou de mécénat en cours d’exécution au 1er juillet 2016 ne sont concernés par cette interdiction qu’à compter du 30 juin 2017 », précise l’AMF dans une position publiée hier, en faisant référence à des contrats de sponsoring sportif portant sur la saison 2016-2017.

Forex ou CFD, encore la moitié des pubs sur le web

Grâce à cette interdiction, l’AMF espère que les arnaques financières liées aux marchés des changes vont « baisser dès cette année » sur internet. Dans sa lettre de l’observatoire de l’épargne de janvier, publiée hier et portant sur ce même sujet, l’AMF dévoile en effet les résultats de sa dernière étude sur les publicités financières sur le web, qui porte sur la période janvier-septembre 2016. Bilan : « Près de la moitié des nouvelles publicités sur internet porte encore sur le trading en ligne », 44% plus précisément, une proportion stable par rapport à 2015. Des publicités d’autant plus dangereuses, selon l’AMF, qu’elles sont diffusées sur des médias très grand public, ciblant une audience peu à même de prendre du recul par rapport à des offres présentées de façon très alléchante.

(1) Etude publiée en 2014 par l’AMF et portant sur les performances de « 14.799 investisseurs particuliers actifs, clients de prestataires de services agréés, et portant sur une période de 4 ans, allant de 2009 à 2012 ».