Les marges de manœuvres budgétaires « n'existent pas » en France, a rappelé Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne, à l'attention des candidats à l'élection présidentielle, avertissant sur le risque de remontée prochaine des taux d'intérêt.

« Il ne faut pas que les candidats à la présidentielle française, quels qu'ils soient, pensent qu'en arrivant ils vont trouver une cagnotte ou des marges de manœuvre budgétaires qu'ils vont pouvoir dépenser », a averti Benoît Coeuré sur l'antenne d'Europe 1. « Ces marges de manœuvre n'existent pas et le risque de hausse des taux d'interêt est là », a-t-il poursuivi, expliquant que leur remontée entraînera une augmentation de la charge de la dette, menaçant « d'évincer tout le reste de la dépense publique ».

Le membre du directoire de la BCE intervenait peu après l'annonce par la Banque de France de la révision à la baisse de ses prévisions de croissance. Dans ses prévisions macroéconomiques semestrielles publiées vendredi, la banque centrale française anticipe une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 1,3% en 2016 et en 2017 contre auparavant une croissance de 1,4% cette année et de 1,5% en 2017.

Croissance : la France « à la traîne »

La banque centrale française table également en 2018 sur une hausse du PIB de 1,4% au lieu de 1,6% jusqu'alors. « On est d'accord avec la Banque de France, la croissance sera plus faible en France que dans le reste de la zone euro, malheureusement », a déploré le cadre de la BCE. « La France est à la traîne en termes de croissance », a-t-il estimé.

Pour combler « ce retard de croissance » et résoudre « cette difficulté à réduire le chômage » en France, il faut « des réformes du marché du travail » et « du secteur des services parce que c'est là que sont les gisements de création d'emplois », a-t-il préconisé, exhortant à mener une telle politique « dans le respect des équilibres budgétaires ».