Les pouvoirs publics auraient-ils réussi à freiner le succès du Plan épargne logement ? Après avoir enchaîné les collectes record en 2014 et 2015, le PEL retrouve un rythme de croisière.

Ceux qui ont ouvert un Plan d’épargne logement avant le 1er février 2015 ne doivent pas bouder leur plaisir. Ils disposent d’un placement avec un rendement garanti à 2,50%, hors prélèvements sociaux. Et ce pendant toute la durée de vie du produit. En février 2015, le taux des nouveaux PEL a été abaissé à 2%. Puis à 1,50% un an plus tard. Depuis le 1er août 2016, ouvrir un PEL permet toujours de disposer d’un taux garanti, mais celui-ci n’est plus de que 1%, soit 0,85% après prélèvements sociaux.

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Résultat : différentes générations de PEL coexistent, avec de multiples taux de rémunération (1). Si bien qu’en 2015, malgré la baisse de taux à 2%, le Plan épargne logement a bouclé l’année avec une collecte positive de 24 milliards d’euros, record depuis l’entrée en vigueur de la monnaie unique ! Au 31 décembre, la Banque de France comptait 15,6 millions de Plans épargne logement en France, dont plus d’un million ouverts en 2015, principalement au mois de janvier.

Une collecte diminuée de moitié entre octobre 2015 et 2016

L’« anomalie » dénoncée en 2014 par celui qui est depuis devenu gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, perdurait. A-t-elle été corrigée en 2016 ? Le PEL a démarré l’année 2016 sur des temps de passage proches de ceux du début 2015. Depuis, il a perdu de son élan. La conséquence des baisses de taux successives ? Difficile de l’affirmer car il existe encore de très nombreux PEL à 2,50%, voire plus. Mais les collectes record semblent bien appartenir au passé.

Depuis août, la collecte mensuelle n’a plus dépassé le milliard d’euros, alors que cette barre symbolique était franchie chaque mois ou presque en 2015. En septembre 2016, le PEL n’a engrangé un flux positif « que » de 612 millions d’euros. Puis de 687 millions d’euros en octobre selon les statistiques dévoilées ce vendredi par la Banque de France. En septembre et octobre 2015, la collecte était deux fois plus importante.

Le PEL fait mieux que les Livret A, LEP et livrets bancaires

La flambée du PEL s’est essoufflée ? Certes. Mais ce produit d’épargne se porte toujours bien. Sur le mois d’octobre, propice aux dépenses à cause du paiement des impôts, tous les autres placements bancaires ont vu leurs encours diminuer selon la Banque de France : -971 millions d’euros sur les livrets classiques, -188 millions sur le LEP, -170 millions sur le CEL, etc. Et plus d’un milliard d’euros en moins sur le Livret A.

Si l’on se base sur les seules statistiques de la Banque de France, le PEL, qui fait l'objet d'une obligation de versement lors de sa phase d'épargne, pourrait d’ailleurs doubler l’encours du Livret A dans les prochains mois. Celui-ci est retombé à 254 milliards d’euros (2) en octobre, alors que celui du PEL approche des 253 milliards.

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(1) En prenant en compte l’ensemble des plans, y compris les plus anciens, le rendement moyen est même de 2,74% en octobre selon la Banque de France.

(2) Addition de l’encours des Livrets Bleus du Crédit Mutuel et des Livrets A selon les données de la Banque de France. La Caisse des dépôts livre une estimation supérieure, de 257 milliards d’euros.