L’appétit des banques pour l’octroi de nouveaux crédits immobiliers semble cette année inextinguible et entraîne encore quelques baisses de taux dans les barèmes du début novembre. Un dernier coup de collier, avant la stabilisation attendue depuis plusieurs mois ?

Cela en deviendrait presque risible. Chaque mois, les courtiers spécialisés annoncent que les taux immobiliers ont finalement atteint leur plancher. Et les mêmes, le mois suivant, annoncent de nouvelles baisses.

Le scénario se répète en ce début de mois de novembre. Les taux moyens, issus des nouveaux barèmes communiqués par les banques, ont encore perdu 5 points de base sur toutes les durées selon le courtier Meilleurtaux, qui annonce du 1,32% sur 15 ans en moyenne, du 1,52% sur 20 ans et du 1,85% sur 25 ans.

75% des crédits accordés à taux négociés

Même constat de nouvelles baisses, comprises entre 0,05 et 0,15%, chez Vousfinancer qui affiche des taux moyens de 1,25% sur 15 ans, 1,45% sur 20 ans et 1,70% sur 25 ans. Le courtier apporte néanmoins une nuance. Ces « baisses concernent les banques qui étaient les moins bien positionnées et qui cherchent ainsi à se remettre dans le marché », explique son président Jérôme Robin.

On retrouve ainsi deux types de comportement sur le marché. D’un côté, quelques enseignes qui font toujours des efforts sur tous les profils ; de l’autre, une majorité qui propose des taux dans la moyenne, mais choisit de réserver des réductions importantes - « jusqu’à 60% » - aux meilleurs profils. « Globalement », estime Jérôme Robin, « 75 % des crédits accordés le sont à des taux négociés, inférieurs à ceux affichés dans les grilles ».

« Aucune banque ne veut être la première à remonter ses taux »

Ces nouvelles baisses sont d’autant plus étonnantes qu’elles interviennent en fin d’année, une période où les banques, d’ordinaire, ont tendance à lever le pied après avoir atteint leurs objectifs commerciaux. Mais 2016 est décidément une année hors norme. « Il est intéressant de noter », développe Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux, « qu’à ce jour aucun établissement ne nous a indiqué vouloir lever le pied sur le crédit immobilier ni marquer sa volonté de ralentir la conquête client », explique-t-elle. « En d’autres termes, les banques sont toujours à la recherche de dossiers finançables (…) ».

« Dans le contexte actuel, elles conservent des marges convenables sur les crédits qu’elles octroient (…) », confirme Jérôme Robin. En conséquence, « aucune banque ne veut être la première à remonter ses taux ».

Des signes macroéconomiques

Malgré tout, les courtiers sont encore tentés, ce mois-ci, d’annoncer la fin de la récré. « Les taux réservés aux meilleurs dossiers restent stables », observe ainsi Hervé Hatt, président de Meilleurtaux. Le fondateur d’Acecrédit.fr, Joël Boumendil, estime qu’à « 1,20% pour un taux moyen sur 20 ans », « nous atteignons un seuil plancher ». Et Le-Partenaire évoque même des taux « en légère hausse » pour les primo-accédants. Les baisses de ce début novembre seraient donc les ultimes démarques avant la stabilisation.

Une hypothèse également défendue par Vousfinancer, qui liste une série d’arguments macroéconomiques plaidant pour « une phase de stabilisation avant une légère remontée en fin d’année ou début 2017 » : la « décision de Réserve fédérale américaine de remonter ses taux mi-décembre », la « probable fin du programme de rachats actifs de la Banque centrale européenne dans le courant de l’année 2017 » et le « durcissement » des exigences prudentielles imposées aux banques en matière de fonds propres. Rendez-vous en décembre pour voir si, cette fois, les courtiers ont vu juste.

Les délais de traitement s’allongent encore

C’est une des conséquences de l’engouement actuel autour du crédit immobilier : les délais de traitement des demandes de prêts s’allongent. Selon le courtier Acecrédit, « il faut compter deux à trois semaines entre le moment où l'on dépose la demande de prêt auprès d'un établissement bancaire et le moment où une offre peut être proposée à l’acheteur ». Confirmation de Sandrine Allonier, directrice des relations banques de Vousfinancer, qui rappelle qu’on est « tout de même loin de la situation d’engorgement qui avait été très problématique durant l’été 2015 ».