Dans leurs agences, les banques de détail françaises facturent de plus en plus cher le virement, une opération qui est par contre offerte sur internet. Ce faisant, elles encouragent leurs des clients à réaliser leurs opérations du quotidien sur le web, en autonomie et à moindre coût.

Transférer de l’argent d’un compte A à un compte B : le virement est l’opération bancaire par excellence. Longtemps, il s’est fait à l’accueil des agences, avec l'aide d'employés de banque. Puis, avec l’informatisation et l’équipement des clients en carte bancaire, il est devenu possible de l’initier, en autonomie, sur les automates bancaires. Enfin, internet a fait sa place dans les foyers, et c’est désormais sur le web que se font la majorité des virements. Résultat : selon une récente étude du cabinet de conseil Deloitte, 72% des Français utilisent leur espace client web pour effectuer des virements, 21% le mobile, 16% l’agence et 10% l’automate bancaire.

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Le principal moteur de cette évolution, évidemment, est le client. Comment nier qu’il est plus simple et confortable d’effectuer un virement, dans le confort de son foyer et à l’heure de son choix, grâce au web ? Toutefois, au cours des dernières années, ces changements d’usage ont été activement accompagnés par les établissements bancaires, grâce à un levier : la tarification.

La gratuité des virements en agence n’existe quasiment plus

Se rendre en agence pour demander à un employé de banque d’effectuer un virement coûte en effet de plus en plus cher, comme nous avons pu le mettre en évidence grâce au comparateur cBanque des frais bancaires. Entre 2014 et aujourd’hui, le coût unitaire moyen d’un virement occasionnel est passé de 3,70 à 3,83 euros, soit une hausse de 13 centimes d’euros. Dans le même temps, le coût, par opération, d’un virement permanent est passé de 1,08 à 1,18 euros (+10 centimes).

Comme d’habitude, ces prix moyens masquent de forts contrastes entre les enseignes : de 1 euro à la Banque Populaire Massif Central à 5 euros pour les banques du groupe Crédit du Nord. Preuve supplémentaire, s’il en fallait, que les tarifs des banques n’ont souvent qu’un lointain rapport avec la réalité du coût d’une opération ou d’un service.

Autre constat : de plus en plus d’enseignes font payer les virements. Sur un total de 142 banques recensées, elle sont actuellement 128, contre 115 en 2014, à facturer les échéances de virements permanents, et 129 (contre 117 en 2014) les virements occasionnels. Si on se souvient que 9 enseignes 100% en ligne ne proposent pas ce service - tout simplement parce qu’elles n’ont pas de points de vente physiques -, un constat s’impose : la gratuité des virements en agence n’existe plus, ou presque. Ainsi, seules 4 enseignes, toutes issues du groupe Banque Populaire, offrent encore le virement occasionnel en agence : le Crédit Maritime Bretagne-Normandie, la Banque Populaire Provençale et Corse, la Banque Chaix et la Banque Populaire Atlantique.

Des agences centrées sur les produits les plus rentables

La gratuité des virements, par contre, est devenu la norme dans les espaces clients web - en se souvenant bien, toutefois, que 41 banques continuent de faire payer l’accès à ces espaces. Il n’y a ainsi plus que 4 enseignes, sur 42, qui font payer les virements occasionnels sur internet (1,99 euro en moyenne), et 8 les virements permanents (0,86 euro).

Ce mouvement en miroir est révélateur de l’air du temps. En effet, même si toutes officiellement réaffirment l’importance des points de ventes de proximité, les banques françaises traditionnelles sont en train de largement revoir la dimension et la raison d’être de leurs réseaux, avec un objectif : entretenir moins d’agences, et faire de celles qui resteront des lieux spécialisés dans la vente de produits rentables, comme le crédit immobilier ou l’assurance-vie. Faire payer les virements plus chers en agence, les rendre gratuits sur le web est donc une manière de dire à leurs clients : pour vos opérations du quotidien, débrouillez-vous tout seul avec le web !

A consulter : le comparareur cBanque des tarifs bancaires