Les appels à la modération et mises en garde des syndicats et des pouvoirs publics n’ont pas changé la donne : les administrateurs du Crédit Mutuel de Bretagne ont validé la stratégie émancipatrice du groupe Arkéa, en conflit ouvert avec la confédération du Crédit Mutuel.

Réunis en assemblée générale extraordinaire hier soir à Saint-Brieuc, « les présidents des caisses locales de Bretagne ont manifesté un soutien quasi-unanime au projet indépendantiste d’Arkéa », rapporte Le Télégramme. Les administrateurs bretons ont ainsi voté la résolution soumise par les dirigeants du groupe basé à Brest à 98,64%, avec 218 voix pour sur 221, comme le confirme l’autre quotidien régional, Ouest-France.

L'assemblée générale du Crédit Mutuel de Bretagne (CMB) soutient ainsi l’idée que « chacun des groupes de Crédit Mutuel dispose de son propre organe central ». En début de semaine, l’intersyndicale du groupe Arkéa avait pourtant appelé les administrateurs à ne pas signer un blanc-seing à la résolution présentée par la direction, de peur d’une fragilisation du groupe. Et ce même si les syndicats affirment partager « la volonté du président Jean-Pierre Denis de préserver l’autonomie du groupe Crédit Mutuel Arkéa ».

Hier, c’est un courrier de la Direction générale du Trésor et du régulateur bancaire, l’ACPR, adressé à Jean-Pierre Denis, qui a fuité dans la presse. Bercy et l’ACPR y affirment que le projet de création d’un second organe central attaché à la marque Crédit Mutuel est « dénué d’effet juridique », en rappelant qu’Arkéa n’a « pas le pouvoir » de « remettre en cause le fait que la Confédération nationale du Crédit Mutuel est le seul et unique organe central du Crédit Mutuel ».

Lire à ce propos : Divorce au Crédit Mutuel : l'Etat et le régulateur mettent la pression sur Arkéa

Au tour des fédérations Sud-Ouest et Massif central

Le vote des administrateurs du CMB ne déclenche donc pas, de fait, une scission au sein du Crédit Mutuel. Le groupe Arkéa avait reconnu la semaine passée auprès de l'AFP qu’il faudrait passer par une loi pour créer un nouvel organe central, mais que le groupe voulait « défendre [son] modèle coopératif et territorial ». Comme le précise Ouest-France, la résolution votée hier en Bretagne donne ainsi « mandat [à Jean-Pierre Denis] pour prendre toutes initiatives permettant d’aboutir à cette réforme », autrement dit faire pression sur le législateur pour modifier la loi.

Ce jeudi soir, et vendredi, c’est au tour des présidents des caisses locales des deux autres fédérations d’Arkéa, Massif central puis Sud-Ouest, de voter ou non la résolution émancipatrice.

Mise à jour (21 octobre) - Les présidents des caisses locales du Crédit Mutuel du Massif central ont adopté cette même résolution à 80% selon Ouest-France. Tout comme les caisses locales du Sud-Ouest. Lire : Les trois fédérations du Crédit Mutuel Arkéa pour une autonomie de leur groupe