Vous voulez jouer en bourse et investir sur Total, Renault, Orange, Air Liquide, LVMH, Pernod Ricard ou Airbus, tout en optimisant la fiscalité ? C’est possible avec un PEA, mais aussi dans le cadre de l'assurance-vie. Plutôt réservées aux contrats haut de gamme, les actions (ou titres vifs) débarquent sur plusieurs contrats web.

Présentée comme une prouesse technique pour les assureurs, la présence d’actions parmi les unités de compte de l’assurance-vie n’a rien d’une nouveauté. Mais, longtemps, l’investissement en direct, en actions ou en obligations, a été l’apanage des contrats haut de gamme, principalement disponibles dans les banques privées. En 2011, l’assureur Swiss Life et le courtier web Altaprofits bougent les lignes en lançant Titres@Vie, contrat dont la principale originalité est de donner accès « aux marchés financiers en direct ».

Depuis quelques semaines, plusieurs courtiers web proposent l’investissement en « titres vifs ». L’assureur Spirica a en effet permis l’intégration de près d’une centaine d’actions parmi les supports en UC de Mes-placements Liberté, Netlife ou encore Linxea Spirit. « Nous l’avions évoqué avec Spirica il y a quelques temps, en voyant Altaprofits développer Titres@Vie », reconnaît sans langue de bois Eric Girault, PDG de Mes-placements.fr. « L’objectif, c’est de proposer le contrat le plus complet du marché. Le principal atout de Mes-placements Liberté reste l’accès aux SCPI, mais nous intégrons aussi des ETF pour disposer d’une gamme exhaustive. Il faudra voir si les clients suivent… »

« Pas un produit de masse »

Car, plus que l’attrait pour les actions dans l’assurance-vie, c’est l’attrait des Français pour les actions qui pose question. L’AMF estime à 3 millions le nombre d’actionnaires particuliers en France, pour un taux de détention de 6,2%, loin des 36,5% de l’assurance-vie. « Ce n’est pas un produit de masse », concède ainsi François Leneveu, président d’Altaprofits.com, interrogé sur le succès de Titres@Vie. « L’appétit des épargnants français pour les actions reste peu développé. Ce contrat intéresse donc majoritairement des particuliers ayant disposé d’un compte-titres, et qui ont été terrifiés par la réforme de la fiscalité du patrimoine en 2013. Sur Titres@Vie, nous avons 65% d’unités de compte : les clients l’utilisent clairement comme un isolant fiscal. »

PEA ou assurance-vie ?

Côté fiscalité, PEA et assurance-vie présentent des avantages différents. Quel cadre est le plus intéressant ? Voir, ou revoir, comment choisir entre PEA et assurance-vie pour jouer en bourse.

Si aujourd’hui les plus-values mobilières sont, sauf exception (1), soumises au barème de l’impôt sur le revenu, les actions disposent déjà d’un cadre privilégié : le PEA. « Le fait d’investir en actions via l’assurance-vie n’est pas plus intéressant que via un Plan d’épargne en actions », reconnaît Eric Girault, « hormis sur l’aspect successoral ». Si le PDG de Mes-placements a souhaité intégré des « titres vifs » à son contrat, c’est dans « l’idée d’élargir l’offre », afin de rassembler plusieurs types de placement au sein d’un même produit.

Bientôt des actions absentes du PEA ?

Spirica ne donne aujourd’hui accès qu’aux titres du CAC 40 et de l’Eurostoxx 50. Une sélection de titres qui sont également éligibles au PEA. Pour l'heure, Titres@Vie se limite aussi aux actions européennes : « Il est prévu que l’on puisse étendre notre offre de titres vifs aux marchés américains et asiatiques, même si cela pose quelques problèmes de coût », explique François Leneveu. Avant de souligner que, dans un PEA « il n’y a pas de fonds en euros en parallèle ! »

Destiné, par nature, à un public averti, l’actionnariat via l’assurance-vie s’adresse aussi à un public restreint à cause de conditions d’accès exigeantes. Sur Titres@Vie, géré par Swiss Life, « le minimum d'investissement est de deux actions par société sélectionnée et sous condition d'avoir un minimum de 3.000 euros d'épargne ». Sur Linxea Spirit, Netlife et Mes-placements Liberté, gérés par Spirica, le « minimum d’investissement » sur les supports actions est de 10.000 euros.

Des frais supplémentaires pour les arbitrages

Côté frais, pour le lancement de ce nouveau produit, l’assureur Spirica prévoit des frais plus élevés que sur un PEA : les frais d’investissement et de désinvestissement sont de 0,60%, qui « viennent en majoration ou minoration de la valeur liquidative du titre (cours de clôture) ». Une tarification équivalente à des « frais de courtage » selon Eric Girault, qui affirme vouloir les « faire baisser ». Côté Titres@Vie, ces frais sont de 0,29% « avec un minimum de 25 euros par opération et sur chaque support concerné ». L’investissement en direct permet donc d’échapper aux multiples commissions des OPCVM et autres unités de compte, mais n’exonère pas l’épargnant de frais.

Autre différence, à ce jour, entre les contrats Swiss Life et Spirica : chez le premier les dividendes éventuels sont réinvestis en actions (2), chez le second ils sont versés sur le fonds en euros. Faut-il s’attendre à une concurrence nouvelle sur ce marché, qui pousserait les assureurs à rendre leurs modalités d’investissement en actions et leurs tarifs encore plus compétitifs ? Eric Girault, de Mes-placements, n’imagine pas les deux leaders de l’assurance-vie en ligne, Generali Vie et Suravenir, s’aventurer sur ce qu’il considère être un « marché restreint ». Du moins tant que les actions ne séduisent pas le grand public.

Des actions en gestion sous mandat ?

« A l’origine, les titres vifs n’étaient pas accessibles en gestion libre : nous souhaitions nous positionner en rupture avec l’offre existante où les actions n’étaient accessibles qu’en gestion sous mandat et pour des montants très élevés », explique François Lenevenu, d’Altaprofits. Le courtier propose donc la gestion pilotée tout comme la gestion libre sur Titres@Vie.

Pour l’heure, les contrats Netlife, Linxea Spirit et Mes-placements Liberté ne proposent pas de gestion sous mandat. Mais elle est attendue « au plus tard en début d’année 2017 » sur Mes-placements Liberté, et prochainement sur Linxea Spirit. Selon le courtier Eric Girault, il est toutefois trop tôt pour savoir si les actions pourront être intégrées à la future gestion sous mandat.

(1) Voir la fiscalité des revenus et plus-values mobilières.

(2) L’assureur livre un exemple dans son contrat : « un dividende de 25 euros est attribué à une part de l’unité de compte dont la valeur liquidative est de 252,63 euros. 5,205 parts de l’UC sont inscrites au contrat (…) Le nombre de parts devient 5,205 + 0,515 = 5,720 parts. »