Née sous sa forme actuelle dans les années 1970, la carte bancaire reste, de très loin, le moyen de paiement le plus utilisé, hors espèces. D’où l’intérêt de certaines jeunes pousses du secteur financier qui travaillent à la faire entrer dans l’âge de l’économie numérique.

En 1974, un ingénieur français, Roland Moreno déposait un brevet pour la première carte à puce. Un peu plus de 40 ans plus tard, cette dernière est devenue le moyen de paiement le plus utilisé dans le monde, hors espèces. En France, la carte bancaire est passée devant le chèque depuis 2001, et creuse chaque année un peu plus l’écart avec les autres façons de payer. Elle a été remise au goût du jour ces dernières années, avec l’ajout de la fonction paiement sans contact. Et elle s’est même imposée comme le moyen de paiement le plus utilisé pour les achats sur le web.

N’en jetez plus : malgré la lente émergence du paiement par smartphone et l’arrivée prochaine du virement instantané, la vieille carte bancaire a encore de beaux jours devant elle. Logiquement, des jeunes sociétés technologiques du secteur financier - les fameuses fintechs - s’y intéressent. Tour d’horizon des tendances.

Des cartes « intelligentes » connectées au smartphone

Au quatre coins du web, on voit apparaître de nouvelles cartes « intelligentes ». Elles ont en commun de pouvoir être pilotées depuis un smartphone. On peut ainsi personnaliser, dans un application, son code PIN, activer ou non la fonction sans contact, les paiements en ligne ou à l’étranger, etc. Le tout en temps réel.

Certaines, parmi elles, proposent également des fonctionnalités inédites. C’est le cas en Grande-Bretagne de Curve. Sa promesse : relier toutes vos cartes bancaires à une seule. Au moment de payer, vous pouvez ainsi choisir, en temps réel depuis l’application, lequel de vos comptes sera débité. Curve garde également la trace de ces paiements et les catégorisent.

Autre exemple, encore plus spectaculaire, cette fois aux Etats-Unis : Plastc. Là encore, il s’agit de rassembler plusieurs cartes en une seule. Mais Plastc pousse le concept encore plus loin, en équipant sa carte d’un écran tactile e-ink, semblable à celui d’une liseuse. Ainsi, plus besoin d’appli : il suffit de choisir, directement sur l’écran de la carte, le compte sur lequel le débit doit être effectué. Le smartphone, toutefois, n’est pas totalement inutile : Plastc est en effet capables d’envoyer des notifications en cas d’oubli de la carte, ou de la bloquer à distance en cas de perte ou de vol.

Des cartes bancaires… non-bancaires

Intéressantes dans les pays anglo-saxons, où les consommateurs possèdent en général plusieurs cartes de crédit, ces innovations le sont un peu moins en France, où la norme est de posséder une carte universelle et interbancaire, reliée à son compte principal. Le même principe, toutefois, est utilisé par un fintech française, Sharepay, qui permet à un couple ou à des colocataires de définir sur leur mobile la répartition de leurs dépenses entre différents comptes bancaires.

Lydia, une autre fintech spécialisée dans le paiement mobile, s’est lancée, début septembre, sur le marché de la carte bancaire connectée. L’établissement de paiement toulousain Morning va suivre dans les prochaines semaines, tout comme l’Allemand N26, qui vient d’obtenir une licence bancaire outre-Rhin et ne devrait plus tarder à faire son retour en France (1).

Morning et N26, comme leur aîné Compte Nickel, ont en commun de fournir, en plus de la carte, un numéro de compte autorisant les virements et les prélèvements et des fonctionnalités annexes. Un panel de services complet, donc, qui leur vaut le surnom de « néo-banques ». Reste à voir si elles trouveront leur public au-delà du cercle des passionnés de technologie.

Lire aussi : Compte sans banque : Morning sera-t-il le Number26 français ?

Des cartes sécurisées pour le e-commerce

Et du côté des banques traditionnelles ? Rien de bien nouveau. Certaines enseignes commencent toutefois à travailler sérieusement sur un sujet majeur : celui de la sécurité des paiements en ligne.

Née bien avant l’émergence d’internet, la carte bancaire n’est en effet pas bien adaptée au e-commerce. Certes, les choses se sont améliorées avec l’apparition de 3D Secure, qui permet de renforcer l’authentification du payeur. Mais les banques françaises ont une autre idée en tête : la carte bancaire à cryptogramme dynamique, développée par Oberthur Technologies. Equipée, comme Plastc, d’un petit écran e-ink, elle permet de modifier à intervalles réguliers le code à 3 chiffres utilisé pour authentifier les paiements à distance. Toutes les banques françaises, ou presque, testent actuellement cette innovation, de nature à conforter la carte bancaire comme moyen de paiement préféré des Français, y compris sur internet.

Combien ça coûte ?

Ses nouvelles cartes sont-elles gratuites, comme celles des banques en ligne ? Pas toutes. Curve est facturée 35 ou 75 livres sterling (40 ou 87 euros) à la commande, selon le modèle. Encore en phase de précommande, Plastc coûte dans l’immédiat 155 dollars US (139 euros). Mais son prix devrait atteindre à terme 180 dollars (161 euros) à la commande puis 50 dollars (45 euros) par an pour l’accès au service.

En France, Lydia fait payer sa carte 10 euros à la commande, puis 3,99 euros par mois. En revanche, l’accès à Sharepay et Morning est gratuit. Mais ces deux fintechs comptent lancer à terme des versions premium payantes.

(1) N26, fintech allemande, a lancé son offre en France début 2016, avant de la suspendre pour des questions réglementaires.