Qui est le leader du jeune marché du prêt participatif aux PME ? Tout dépend comment est décerné ce titre. En termes de montant financé, Lendix a – nettement – pris les devants. Mais la plateforme ne collecte pas uniquement auprès de particuliers. Elle assume cette particularité.

La semaine passée, à moins de 24h d’intervalle, les deux plateformes se revendiquant leaders du crowdlending ont semblé se répondre par newsletters interposées. Lendix d’abord : « Au 16 septembre 2016, 140 projets ont été financés par la communauté Lendix, pour un montant total de 35.132.534 euros. » 35 millions d’euros, c’est de très loin le montant le plus important financé pour une plateforme de prêts aux PME en France. Derrière, malgré un an et demi d’ancienneté supplémentaire, Unilend n’a financé « que » 20,4 millions d’euros. Troisième, Lendosphère est plus loin : 9 millions d’euros.

Le lendemain, samedi 17 septembre, Unilend mettait en avant un autre chiffre : « 1.748.145 euros, c’est la somme des intérêts bruts qui ont été versés aux prêteurs de la communauté par les emprunteurs. » En ayant lancé son activité en novembre 2013, contre mars 2015 pour Lendix, et avec 272 projets financés au total, Unilend a logiquement distribué plus d’intérêts à ce jour. Lendix affiche 789.476 euros d’intérêts versés aux prêteurs sur sa page statistiques. Surtout, Unilend « revendique toujours la place de leader du financement participatif sous forme de prêt », plaide son fondateur Nicolas Lesur. « Nous avons permis de financer le plus grand nombre d’entreprises et avons réuni la plus importante communauté de prêteurs [10.634 prêteurs actifs revendiqués, NDLR]. Et nos financements se font exclusivement sous forme de financement participatif. »

« En premier lieu un fonds qui prête aux PME »

Les dirigeants de plusieurs plateformes n’hésitent pas à pointer le fonctionnement à part de Lendix sur ce jeune marché du crowdlending en France. Ce fonctionnement est expliqué de façon transparente sur la plateforme : « Une fois le projet validé par Lendix, son financement est garanti grâce à notre communauté de prêteurs particuliers, soutenue par nos prêteurs institutionnels qui complètent automatiquement la part non financée par les particuliers. » Pour soutenir cette démarche, la plateforme a créé un premier fonds en avril 2015, et a annoncé en juillet dernier le lancement de « Lendix Fonds Prêt PME II, premier fonds ELTIF (European Long Term Investment Fund) dédié au financement des PME en Europe ».

Ce mélange entre financement participatif et finance traditionnelle fait grincer des dents. A l’automne 2015, dans une interview à cBanque, Vincent Ricordeau, co-fondateur de l’historique KissKissBankBank et de Lendopolis, appuyait sur cette particularité : « Lendix, (…) c’est en premier lieu un fonds qui prête aux PME », lançait-il, avant de nuancer : « Je trouve extrêmement vertueux ce que propose Lendix mais j’estime que cela ne correspond pas tout à fait à l’esprit du crowdfunding (…) plus à ce que l’on appelle une lending marketplace en Angleterre. » Il rapprochait ainsi Lendix d’un autre acteur à part dans le paysage du crowdfunding français, Younited Credit.

Une différence totalement assumée par les dirigeants

Concernant l’apport d’organismes financiers dans sa collecte, Lendix joue là encore la transparence dans ses statistiques avec un graphique « répartition des investisseurs ». Il est effectivement prépondérant : les « institutionnels » pèsent 36% des investissements au 31 août, les family offices, autrement dit des gestionnaires de fortune, 35%, les particuliers « avertis » 14% et les autres particuliers 15%.

« Je connais ces critiques », répond Olivier Goy, fondateur et président du directoire. « Ma réponse est simple : nous sommes à plus de 1.000 prêteurs privés sur les gros projets ! Donc sur les particuliers, nous sommes sur des volumes équivalents à la concurrence », affirme-t-il. Olivier Goy rebondit en soulignant les avantages de la formule choisie par Lendix : « Un prêteur sait que le projet sera financé. Et le fait que nous ayons des financements institutionnels, cela rassure ! »

Mise à jour (21 septembre, 13h45) - Correction concernant le premier fonds lancé en avril 2015 suite à une réaction de Lendix : Lendix Croissance est la « captive de location financière » de la plateforme, financée par ce fonds.