Dans un récent avis, le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) se prononce pour le maintien, jusqu’en 2020, de la mission d’accès universel au Livret A confiée à la Banque Postale.

Depuis sa création il y a une dizaine d’année, la Banque Postale (LBP) est investie d’une mission particulière, celle de favoriser l’accès de tous, sans discrimination, aux services bancaires de base (dépôts, retraits, virements, etc.). LBP s’engage ainsi à ouvrir un Livret A à toute personne qui en fait la demande, autorise les dépôts et retraits à partir d’1,50 euro, accepte les domiciliations de prélèvements et fournit gratuitement carte de retrait et chèque de banque. Elle reçoit en échange une compensation de l’Etat, à hauteur de 225 millions d’euros en 2016, soumise à une autorisation de la Commission européenne.

En savoir plus sur le Livret A « universel » de la Banque Postale

Un « oui » unanime du CCSF

Cette mission confiée à la Banque Postale reste-t-elle pertinente en 2016 ? Le CCSF a récemment posé la question à ses membres - pouvoirs publics, banques, professionnels du secteur financier et consommateurs - dans le cadre d’une consultation publique. La réponse est oui, explique l’instance de concertation dans un avis daté du 12 juillet mais rendu public vendredi dernier.

Pour justifier ce oui unanime, le CCSF explique que le dispositif d’accessibilité bancaire reste plus que jamais nécessaire pour combler les manques des autres dispositifs - notamment du droit au compte - qui laissent de côté certaines « populations en grande difficulté sociale telles que sans domicile fixe, migrants, demandeurs d’asile, personnes analphabètes, non francophones ».

Le Livret A, « familier et rassurant »

Le Comité estime par ailleurs que cette mission ne pourrait être assumée par une autre enseigne, ni par l’ensemble de la profession bancaire de concert. La Banque Postale a notamment l’avantage de disposer de guichets et d’un « service de caisse » dans près de 10.000 bureaux de poste. Le CCSF juge également que le Livret A, « produit familier, rassurant, efficace », reste le support idéal de cette mission d’accessibilité bancaire, destinée à une population peu à l’aise avec les comptes courants, les cartes et les automates bancaires.

Au final, le maintien de la mission particulière semble assuré jusqu’en 2020. Outre l’avis du CCSF, un décret, paru en février 2015, a déjà fixé le montant de la compensation versée par l’Etat jusqu’à cette date. Qu’en sera-t-il ensuite ? Le CCSF souhaite que « des réflexions soient lancées dès que possible dans les instances ad hoc sur des dispositifs envisageables (…) ».

Une majorité des retraits sur une minorité de Livrets A

Pour assumer sa mission d’accessibilité bancaire, la Banque Postale maintient sur le territoire un important maillage de guichets. La banque permet ainsi à ses clients d’accéder aux espèces dans près de 10.000 bureaux de poste.

L’usage, par certains, du Livret A comme un compte courant entraîne un nombre important de retraits en espèces sur une minorité de comptes. Deux millions de Livrets A concentrent ainsi 70% des opérations en espèces au guichet. Plus de la moitié de ces livrets ont un encours inférieur à 150 euros. Enfin, plus de deux tiers des retraits sont réalisés dans seulement 2.500 bureaux, dont 650 situés en zone urbaine sensible (ZUS).