Le Poste envisage de modifier les horaires de travail de ses 21 centres financiers afin d'« adapter » leur organisation du temps de travail à la demande de sa clientèle, ce qui fait craindre aux syndicats la « perte de jours de repos » sans compensation financière, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.

« La vraie différence par rapport à Bouygues Telecom c'est qu'il n'est pas prévu de compensation financière », a déclaré à l'AFP Régis Blanchot, du syndicat SUD, par ailleurs membre du conseil d'administration de La Poste, confirmant une information de France Inter. Chez Bouygues Telecom, un projet d'accord ayant reçu l'aval de FO, présenté mercredi en CHSCT, prévoit que les salariés volontaires acceptent de perdre plusieurs jours de repos, en échange d'une légère augmentation de salaire et de semaines de travail raccourcies à 35h, contre 37 ou 39 heures actuellement. Le nouveau régime, qui ne modifie pas la durée annuelle de travail, s'imposerait en revanche aux futurs embauchés.

A La Poste, selon M. Blanchot, l'« adaptation » était prévue dans un accord baptisé « l'avenir des métiers bancaires » que ni SUD ni la CGT n'ont signé fin 2015. « Les 35 heures hebdomadaires demeurent officiellement, mais l'adaptation des horaires va se traduire par une baisse des repos compensateurs pour les salariés travaillant par cycle (des semaines de 42 heures sont possibles avec des repos compensateurs, suivies de semaines de 28 heures, ndlr), du travail le samedi et des amplitudes horaires plus longues et plus tardives », a-t-il ajouté.

Début des négociations le 5 septembre prochain

Des « négociations » devraient débuter, selon lui, « dès le 5 septembre à Orléans » et se dérouler dans chacun des 21 centres qui emploient 15.000 salariés au total sur les 224.000 que compte la Poste, selon son dernier rapport social. Pour Alain Amblard de la CGT, « cette réorganisation du temps de travail s'inscrit dans un programme plus large sur l'organisation du travail visant à réduire le coût d'exploitation qui s'est déjà traduit par 2.400 postes en moins dans les centres financiers entre 2013 et 2015 ». « C'est une flexibilité à outrance qui bouleverse l'organisation du travail, les rythmes de vie et se traduira par une perte des RTT », a-t-il estimé.

Interrogée par l'AFP, la direction de La Poste a confirmé qu'« un diagnostic » sur l'organisation du temps de travail aurait lieu dans ses centres financiers « au cours des prochaines semaines ». « Ensuite, si nécessaire, il y aura des négociations qui prendront du temps » afin « d'adapter » l'organisation du temps de travail « aux rythmes de la clientèle » et « d'harmoniser les horaires ».