A chaque produit d'épargne ses caractéristiques propres. Et ceux de l'épargne réglementée n'y dérogent pas. Au point que les épargnants peuvent passer à côté d'un produit qui leur conviendrait assurément. C'est le cas du LEP ou du Livret Jeune qui n'ont pas à rougir du Livret A ou de l'épargne-logement.

Tous les produits d'épargne réglementée ne rencontrent pas le même succès. Le Livret d'épargne populaire (LEP) en est une parfaite illustration. En 2013, Bercy promettait que trois millions de ménages supplémentaires devaient y avoir accès. Las. En 2014, le nombre de détenteur a reculé de 300.000 personnes. Et les décollectes s'enchaînent, mois après mois, année après année : -1,8 milliard d’euros en 2014, -669 millions en 2015, et déjà -776 millions de janvier à avril 2016.

LEP, pour les plus modestes

Qui a accès au Livret d’épargne populaire ? Comme son nom l’indique les contribuables les plus modestes, avec des versements plafonnés à 7.700 euros. Ces contribuables éligibles au LEP savent-ils qu’ils peuvent ouvrir un livret défiscalisé rapportant actuellement 1,25% ? Sans doute pas. Ou bien ont-ils été intimidés par la complexité du produit. En effet, pour ouvrir puis conserver un LEP, il faut ensuite justifier chaque année d’un revenu fiscal de référence (RFR) ne dépassant pas un certain seuil.

En 2016, le RFR ne doit pas dépasser 19.255 euros pour une part fiscale et 5.141 euros par demi-part supplémentaire (1). Jusqu’à la fin de l’année 2016, le RFR affiché sur la première page de votre avis d’imposition 2015 peut faire foi. Mais, ceux qui auraient vu leurs revenus baisser en 2015 peuvent utiliser l’avis 2016 pour justifier de leurs revenus dans la banque où ils souhaitent ouvrir le LEP. S’ils ne sont pas imposables, ils peuvent utiliser l’avis de situation déclarative actuellement disponible dans leur espace personnel sur impots.gouv.fr (2). En revanche, s’ils sont imposables, il faut attendre l’avis définitif, mis en ligne au mois d’août, pour souscrire.

Pour plus de détails : les conditions d’ouverture du LEP

Livret A, pour tout le monde

Le Livret A, c’est le produit grand public par excellence, à la différence du LEP. Seule contrainte : vous ne pouvez ouvrir qu’un seul Livret A. Pour le reste, toute personne physique peut détenir un Livret A : même si elle a moins de 18 ans, même si elle réside fiscalement à l’étranger, et même si elle ne peut revendiquer la nationalité française. Bref : tout le monde a accès à ce livret défiscalisé, actuellement rémunéré 0,75%. Raison pour laquelle il est régulièrement présenté comme le support idéal pour conserver son épargne de précaution, c’est-à-dire deux à trois mois de revenus en réserve pour prévenir les coups durs.

LDD, pour les contribuables

Même taux, même absence de fiscalité : le Livret de développement durable a tout du jumeau du Livret A. Mais il n’affiche pas le même plafond : 12.000 euros contre 22.950 euros pour le Livret A. Et il n’est pas aussi accessible que son « cousin » puisqu’il est réservé aux seules personnes domiciliées fiscalement en France, ce qui exclut les mineurs. Par ailleurs, à l’image des autres livrets d’épargne réglementée, un contribuable ne peut détenir qu’un LDD. Mais cela n’empêche pas le cumul d’un LDD et d’un Livret A, ce qui permet de porter le plafond commun à 34.950 euros, hors capitalisation des intérêts. Près de 35.000 euros rémunérés à 0,75% net de toute fiscalité, dans le contexte actuel de taux bas, cela peut s’avérer avantageux.

Livret Jeune, pour les 12-25 ans

A partir de 12 ans, outre le traditionnel Livret A, les mineurs ont accès au Livret Jeune, qu’ils peuvent conserver jusqu’à leurs 25 ans. Le livret, défiscalisé, est plafonné à 1.600 euros de versements mais le taux, variable selon les établissements, fait toujours au moins aussi bien que le Livret A. Actuellement, la rémunération se situe dans la plupart des cas dans une fourchette allant de 1,50% à 2,25%, de beaux taux face au 0,75% du Livret A ou aux livrets fiscalisés dont les taux se rapprochent de zéro pour les moins alléchants. Pourtant, le Livret Jeune est en décollecte chaque année depuis 2009.

Le PEL, pour préparer l’avenir

En ouvrant un Plan d’épargne logement, et en le conservant un minimum de 2 ans, vous profitez d’un taux garanti de 1,50% pendant toute la durée de vie du produit. Une rémunération qui n’est pas imposée jusqu’aux 12 ans du plan, mais qui est soumise aux cotisations sociales (15,50%). En retranchant ces prélèvements sociaux, la rémunération annuelle reste de 1,27%. Or le PEL est accessible à tous, même aux mineurs. Avant de profiter de l’aubaine, il faut toutefois être conscient de la contrainte de versement : 540 par an minimum, soit 45 euros par mois.

Pour plus de détails : les caractéristiques du PEL

Le CEL, pour d’éventuels travaux

Parmi les produits d’épargne réglementée, à l’image du méconnu Livret d’épargne entreprise, le Compte épargne logement affiche le taux de rémunération le plus bas : 0,50%. D’autant que si les intérêts sont exonérés d’impôt sur le revenu, ils sont soumis aux cotisations sociales. Cependant, en cas de remontée des taux d’intérêt, il pourrait tout de même permettre, à terme, de financer des travaux à un taux préférentiel.

Lire aussi : l’historique des taux de l’épargne réglementée

(1) Plafond de RFR valable en métropole.

(2) Pour les personnes non imposables, l’avis de situation déclarative fait foi puisqu’il « remplace l’avis de non-imposition et devient le nouveau document de référence », comme le précise l’administration fiscale sur son site.