L'immobilier commercial en France est surévalué de 15% à 20%, voire jusqu'à 30% pour le marché des bureaux à Paris, a averti vendredi le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), un organisme lié à Bercy qui veille à la stabilité du système financier.

« L'immobilier commercial français dans son ensemble pourrait présenter une surévaluation, dans une fourchette de 15%-20%, avec des chiffres proches de 30% pour certains segments tels que les bureaux parisiens », a estimé l'organisme, qui regroupe notamment le ministère des Finances et la Banque de France, dans une note sur le secteur.

Des investisseurs étrangers

Ce secteur, qui désigne le parc immobilier détenu par des investisseurs, fait l'objet d'« une présence importante d'investisseurs étrangers sur le marché français, qui contribuent au fort dynamisme de la demande soutenant un niveau de prix élevé et conduisant à une érosion graduelle de la rentabilité locative », constate le HCSF. « Ce cycle haussier paraît à ce stade principalement soutenu par des investisseurs à la recherche d'actifs de qualité. A l'heure actuelle, les indicateurs ne montrent pas d'emballement de la construction », tempère-t-il.

« Cependant, certains éléments appellent à la vigilance », alerte l'organisme, qui cite « la dégradation de la rentabilité locative », qui pourrait mettre fin au niveau élevé de la demande, aujourd'hui « soutenue par un contexte de hausse des prix d'actifs et des perspectives de plus-value de cession ». Par ailleurs, « le niveau de prix élevé sur le segment de l'immobilier de bureau en Ile-de-France (...) doit parallèlement être surveillé avec attention, du fait de la place prépondérante de certains investisseurs (notamment les assureurs) sur ce segment, et des potentiels effets d'entraînement qu'il pourrait engendrer en cas de retournement ».

Taux de vacance élevé

Enfin, « le taux de vacance élevé des bureaux franciliens observé sur les dernières années alerte sur (...) (le) développement d'une offre éloignée de la demande sur certains segments de marché (obsolescence rapide du parc, mutation de la demande en matière de qualité de bien et de localisation) ». « Il convient par conséquent que les acteurs détenteurs et acquéreurs mènent une évaluation prudente de la valorisation de ces actifs et s'assurent de leur capacité à faire face à des tensions sur les prix ou la liquidité de ces biens en cas de retournement du cycle », conclut-t-il.

Créé en 2013, le HCSF a pour mission d'« analyser, surveiller et maîtriser le risque systémique, c'est-à-dire le risque que se produise un dysfonctionnement du système financier dans son ensemble ». Présidé par le ministre des Finances, Michel Sapin, il rassemble notamment le gouverneur de la Banque de France et le président de l'Autorité des marchés financiers.