Le Crédit Coopératif distribue depuis peu un livret d’épargne baptisé « Coopération pour ma région », fléché vers les entreprises locales évoluant dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Explication d’Imad Tabet, directeur des particuliers au Crédit Coopératif.

Imad Tabet, qu’est-ce qui fait la spécificité du dernier produit d'épargne en date du Crédit Coopératif, le livret « Coopération pour ma région » ?

Imad Tabet : « Il s’agit d’un livret d’épargne décliné dans l’ensemble des régions françaises, à l’exception de la Corse où nous ne sommes pas présents. Il offre trois garanties aux épargnants : que les prêts financés grâce à leurs dépôts seront fléchés vers des entreprises de la région de leur choix, pas forcément leur région de résidence d’ailleurs ; que ces entreprises opèreront dans le secteur de l'économie sociale et solidaire (1) ; et qu'elles seront sélectionnées par leurs pairs, c’est-à-dire par les représentants des sociétaires présents dans les comités de région. »

Ce nouveau produit était déjà disponible depuis quelques mois, en pré-lancement et sans communication. Quels sont vos premier retours ?

I.T. : « Ils sont très positifs. Le produit correspond à la démarche affinitaire des clients qui rejoignent le Crédit Coopératif. Le livret n'est pas surrémunéré [il rapporte 0,40% brut, NDLR], nos clients ne s'inscrivent pas dans une démarche financière mais de traçabilité : ils préfèrent toucher 0,40% en sachant ce que leur banque va faire de leur argent, plutôt qu'1% sans le savoir. Certains parmi les premiers souscripteurs ont même choisi de renoncer à toute rémunération, une option possible, pour abaisser le coût de la ressource et nous permettre de prêter à meilleur taux. »

Avant Coopération pour ma région, il y a eu le Livret Rev3, lancé il y a un peu plus d’un an dans la région Hauts-de-France, en partenariat avec la chambre de commerce et d’industrie locale. Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

I.T. : « C’est une réussite, au-delà de nos espérances. Nous l’avons co-construit avec la CCI Nord-Pas-de-Calais, sur la thématique de la 3e révolution industrielle, qui inclut l’économie circulaire, les énergies renouvelables et le numérique. Il s’agit également d’un livret traçable, pour lequel nous garantissons que 75% des fonds collectés seront utilisés pour des projets éligibles au sein de la région. A fin mars, l’encours de ce livret a atteint les 11 millions d’euros. Il est intéressant de noter que le produit a été proposé à tous nos clients, et qu’un tiers des souscripteurs ne vivent pas dans le Nord de la France. Ce succès a donc renforcé notre conviction : l’avenir est à la traçabilité des produits d’épargne. »

Les événements récents, en particulier le scandale dit des « Panama Papers », semblent vous donner raison…

I.T. : « Oui. C’est une conviction ancienne du Crédit Coopératif : en tant que banquier, nous devons rendre des comptes à nos clients sur l’usage de leurs dépôts. C’est la philosophie que nous avons appliquée à nos comptes bancaires Agir, au Livret Rev3 et désormais au Livret Coopération pour ma région. »

Dans le cadre du projet de loi Sapin II, le gouvernement envisage d’ajouter une option solidaire au Livret de développement durable (LDD), permettant aux épargnants de faire don d’une partie de leurs intérêts à l’économie sociale et solidaire. Que pensez-vous de cette initiative ?

I.T. : « Le Crédit Coopératif a été pionnier dans ce domaine (2). Nous attendons maintenant, comme les autres banques, de connaître les modalités d’application pour voir si le dispositif correspond à ce que nous proposons, ou s’il nécessitera des adaptations. Mais sur le principe, nous nous réjouissons de cette initiative. »

Plus d'infos sur le Livret « Coopération pour ma région »

(1) L’économie sociale et solidaire rassemble les associations exerçant une activité économique, les coopératives, les mutuelles, les fondations et les sociétés commerciales cherchant à avoir une utilité sociale.

(2) Le Crédit Coopératif distribue depuis 20 ans un produit baptisé Codesol, un LDD qui permet à ses titulaires de reverser tout ou partie de leurs intérêts à des associations partenaires.