La Bourse de Paris, comme les places européennes, va entrer la semaine prochaine dans la saison des résultats d'entreprises aux États-Unis avec l'espoir qu'elle redonne un nouveau souffle à des marchés sans direction claire.

Les indices européens évoluent dans des marges étroites depuis fin février, faute de nouvelles économiques rassurantes et de nature à faire prendre davantage de risques aux investisseurs. « Depuis quelques mois, l'économie redémarre de manière modeste malgré les efforts des banquiers centraux. Cela limite le potentiel de hausse des marchés », remarque Guillaume Garabédian, conseiller de gestion chez Meeschaert Gestion Privée.

BCE : statuo quo pour plusieurs semaines

Dans le même temps, la Banque centrale européenne (BCE) reste plus que jamais à la manœuvre après avoir annoncé récemment un renforcement de son soutien à l'économie, ce qui permet d'éviter aux indices boursiers de rechuter trop lourdement. De ce fait, « il est possible que le statu quo perdure plusieurs semaines ou plusieurs mois », prévient M. Garabédian.

Le marché connaît un accès de faiblesse mais « la volatilité est faible et la situation est beaucoup moins inquiétante qu'en début d'année », une période marquée par des craintes sur la Chine et le crédit, estime Mathieu Dubicq, gérant chez Skylar. Dans l'immédiat, les mouvements de court terme sont encore dictés principalement par l'évolution des prix du pétrole, dont le moindre rebond se traduit par un sursaut des indices.

Le pétrole au cœur des pérégrinations

« Une fois encore les pérégrinations du pétrole restent au cœur de l'arbitrage entre les actifs », sur fond de « craintes des investisseurs quant à la capacité des acteurs à stabiliser les prix en gelant leur production à l'issue de la réunion prévue le 17 avril, et donc à améliorer la visibilité quant à la croissance mondiale en 2016 », explique François Duhen, stratégiste chez Crédit Mutuel-CIC. Le marché pétrolier reste suspendu à la rencontre prévue le 17 avril au Qatar qui doit regrouper de grands producteurs comme l'Arabie Saoudite.

Au-delà, pour que les marchés se relancent, « il faudrait avoir une amélioration significative des chiffres macroéconomiques avec une bonne surprise sur la croissance, ainsi que des bénéfices des sociétés », prévient M. Garabédian.

Agenda dégarni en Europe

C'est la raison pour laquelle les résultats d'entreprises vont être disséqués par les investisseurs, alors que s'ouvre la semaine prochaine le bal des publications pour le premier trimestre aux États-Unis, avec notamment le géant de l'aluminium Alcoa et les banques JPMorgan, Bank of America et Wells Fargo. « Les bénéfices par action sont restés stables en 2015. Compte tenu du contexte économique, le marché s'attend à ce que les résultats américains ne soient pas bons mais la bonne nouvelle c'est qu'il sera difficile d'être déçu », explique le conseiller des gestion. Pour M. Dubicq, « les sociétés américaines ont beaucoup pâti du taux de change qui devient plus favorable ce qui pourrait se traduire par de bonnes surprises ». La saison européenne débutera quant à elle un peu plus tard, à partir de fin avril.

Peu de statistiques sont d'ailleurs au programme dans les jours qui viennent en Europe. En Allemagne, où le Dax s'est éloigné des 10.000 points, le calendrier est quasiment vide d'indicateurs comme de publications d'entreprises. Outre-Manche, hormis une décision de politique monétaire de la Banque d'Angleterre, jeudi, qui devrait maintenir en l'état son principal taux directeur, la Bourse de Londres suivra les résultats annuels du géant de la distribution Tesco.

Aux USA, l'actualité sera plus chargée

L'actualité américaine sera en revanche plus chargée en termes d'indicateurs économiques avec les ventes au détail ou encore le Livre Beige de la Réserve fédérale américaine (Fed). Les investisseurs cherchent à se faire une idée plus précise de l'état de l'économie américaine qui si elle se raffermit pourrait permettre à la Fed de remonter ses taux, même si elle fait pour l'heure preuve de prudence.

« C'est le scénario idéal pour les marchés pour qui le problème serait une remontée violente des taux », rappelle M. Dubicq. Le compte-rendu de la dernière réunion de la Fed a d'ailleurs mis en lumière les divisions en son sein sur la remontée des taux, face au ralentissement économique mondial.