12,3 millions de porteurs d’épargne salariale en juin 2011. « Plus de 10,5 millions » à la fin 2015. En moins de 5 ans, le nombre de salariés bénéficiaires de dispositifs d’épargne salariale s’est réduit de près de 2 millions à en croire les statistiques de l’Association française de la gestion financière. Eléments d’explications.

« Près de 300.000 entreprises disposent d’un plan d’épargne salariale » à la fin 2015 selon l’AFG. « Soit une hausse de 4% par rapport au 31 décembre 2014 », ajoute l’association dans son communiqué bilan de l’année 2015. Et le montant des actifs en épargne salariale progresse une nouvelle fois, à 117,5 milliards d’euros, « en raison de la bonne tenue des marchés en 2015 ». Ainsi présentés, tous les signaux semblent au vert. Pourtant, le nombre de « comptes de porteurs » (1) s’érode au fil des ans.

« Beaucoup de déblocages anticipés »

Retour en juin 2011. Le nombre de plans d’épargne salariale recensés évolue chaque année à la hausse, passant de 9,4 millions en 2004 à 12,3 millions, donc, à la mi-2011. Depuis, l’AFG développe moins cet aspect dans ses communiqués, évoquant régulièrement une statistique « stable », mais qui s’érode finalement petit à petit. Résultat : le nombre de comptes d’épargne salariale s’établit à « plus de 10,5 millions » à la fin 2015.

Contacté par cBanque, le responsable épargne entreprise de l’AFG, Jean-Marc Fournié, attribue cette érosion à l’augmentation du nombre de déblocages anticipés : « Les teneurs de compte nous ont annoncé beaucoup de rachats anticipés : 520.000 rien que sur les PEE en 2015, contre 480.000 en 2014. Mais l’augmentation du nombre de déblocages n’empêche pas les PME de signer des accords d’épargne salariale. Ainsi la stagnation du nombre de comptes n’entrave pas la progression de l’accès aux dispositifs. »

Des salariés qui quittent leur entreprise

S’il est difficile d’expliquer, sur le moyen terme, l’érosion du nombre de plans d’épargne salariale, les évolutions récentes sont à mettre en parallèle avec la conjoncture économique. Plus de 300.000 salariés ont débloqué leur plan pour cause de « cessation de contrat de travail » en 2015, « contre environ 275.000 en 2014 », complète Jean-Marc Fournié. A cette occasion, ces derniers ont bénéficié d’un pécule de 5.309 euros en moyenne. Les montants débloqués pour l’achat d’une résidence principale sont assez nettement supérieurs : 11.810 euros en moyenne. Ce motif a lui aussi motivé de plus nombreux déblocages qu’en 2014 : 151.000 en 2015 contre 137.000 l’année précédente.

Comment relancer l'engouement ? Si la loi Macron n’a pas bouleversé la donne, pour l’épargne salariale, elle « envoie des signaux positifs », juge Jean-Marc Fournié. Le responsable épargne entreprise de l’AFG estime ainsi que l’intéressement versé par défaut sur un PEE, ou les allégements fiscaux à destination des entreprises qui proposent un Perco, pourraient permettre de favoriser un rebond du nombre de plans.

Lire à ce propos : Ce qui change pour l’épargne salariale en 2016 et dès 2015

(1) L’AFG communique le nombre global de PEE, PEI ou Perco sur la base des informations communiquées par les teneurs de compte. Il peut donc y avoir plus de comptes que de salariés porteurs si un particulier dispose d’un plan dans son entreprise actuelle et d'un autre dans son ancienne entreprise, auprès de deux teneurs de compte différents, par exemple.