La Banque centrale européenne (BCE) pourrait réduire encore ses taux d'intérêt, déjà ramenés à un plus bas historique, en cas par exemple de détérioration des prévisions macroéconomiques, affirme son chef économiste Peter Praet dans la presse italienne vendredi.

« Comme d'autres banques centrales l'ont montré, nous n'avons pas atteint la limite basse physique », a déclaré Peter Praet dans une interview à La Repubblica. Il était interrogé sur le niveau des taux d'intérêt de la BCE. « La recomposition de notre boîte à outils ne signifie pas que nous avons jeté l'un de nos outils », a-t-il poursuivi.

L'institution monétaire de Francfort a décidé en mars de nouvelles mesures non conventionnelles pour faire repartir l'inflation et la croissance en zone euro, en étendant son programme massif de rachats d'actifs et en annonçant un nouveau prêt géant aux banques à des conditions très avantageuses.

En cas de « nouveaux chocs négatifs »

Dans le même temps, elle a utilisé ses instruments classiques de politique monétaire en abaissant ses taux à un plus bas historique. Le taux directeur central, baromètre du crédit en zone euro, est passé à zéro, tandis que les deux taux qui l'encadrent, le taux de dépôt et de prêt marginal, pointent désormais à -0,40% et 0,25% respectivement.

« Si de nouveaux chocs négatifs venaient à détériorer la prévision ou si les conditions de financement ne s'ajustaient pas dans la direction et avec l'ampleur nécessaires pour relancer l'économie et l'inflation, une baisse de taux reste dans notre arsenal », a assuré Peter Praet.

Les propos ambigus de Mario Draghi

Ces propos interviennent après ceux, ambigus, tenus par le président de la BCE Mario Draghi le 10 mars. Mario Draghi avait dans un premier temps répété que le conseil des gouverneurs, responsable des décisions de la BCE, s'attendait « à ce que les principaux taux d'intérêt de la BCE restent aux niveaux présents ou plus bas sur une longue période ». Mais il avait semé le trouble en ajoutant : « à partir de la perspective actuelle, en prenant en compte le soutien de nos mesures pour la croissance et l'inflation, nous n'anticipons pas qu'il sera nécessaire de réduire à nouveau les taux », ce qui avait entraîné une appréciation de l'euro.