Les femmes empruntant seules achètent leur premier logement vers 38 ans, soit deux ans plus tard que les hommes finançant leur résidence principale dans les mêmes conditions, selon Empruntis. Selon une étude de ce courtier, les emprunteuses disposent de revenus inférieurs d'environ 10%, ce qui engendre à un coût de crédit plus élevé et une durée d'emprunt plus longue.

A l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le courtier a passé au crible sa base de demandes de crédits immobiliers finançables avec promesse de vente signée, déposés l'an dernier sur son site. Son étude, publiée mardi, porte sur les 17.504 dossiers d'acquisition de résidence principale déposés par des femmes et des hommes empruntant « en solo » et pour la première fois - sur 65.000 dossiers au total, soit environ un emprunteur sur quatre. Il en ressort que l'écart d'environ 10% constaté entre les revenus des femmes et ceux des hommes « n'implique pas de discrimination dans l'accès au crédit », selon Empruntis.

Une capacité de remboursement mensuel plus faible

Toutefois, cette différence de revenus pénalise les femmes à trois niveaux, a constaté le courtier : tout d'abord, leur capacité de remboursement mensuel est plus faible, inférieure de 100 euros en moyenne à celle des hommes, ce qu'elles compensent en partie par « un recours au crédit à la consommation plus modéré ».

Ensuite, le coût du crédit contracté par une femme est « potentiellement plus élevé », dit Empruntis, car le taux de crédit et les décotes négociables dépendent du niveau de revenus du client, pour « la quasi-totalité des établissements ».

Une assurance de prêt plus chère à cause de l'âge

Enfin, si les hommes achètent pour la première fois à l'âge de 36 ans, les femmes, elles, attendent deux ans de plus, pour emprunter à 38 ans : or cette différence d'âge a pour conséquence un coût d'assurance plus élevé. « Elles payent en moyenne 500 euros de plus sur leur assurance individuelle », précise Cécile Roquelaure, directrice de la communication d'Empruntis.

Aussi, parmi ces accédants à la propriété, la part des femmes divorcées est le double de celle des hommes : 17,87% pour les premières et 9,28% pour les seconds - ce qui n'a pas d'incidence en soi sur le profil de l'emprunteur, assure-t-elle.

Une pension alimentaire peu ou pas prise en compte

Mais les femmes sont deux fois plus nombreuses en proportion, que les hommes, à avoir un ou des enfants à charge lors de la souscription de leur prêt. Or la pension alimentaire est parfois peu, voire pas du tout prise en compte par l'établissement bancaire qui octroie le prêt, dans le calcul des revenus du client, car « elle est dédiée aux enfants ». En revanche, la présence d'enfants diminue le « reste à vivre » pris en compte pour octroyer le crédit immobilier, ce qui pénalise encore les femmes, précise Cécile Roquelaure à l'AFP.

Au final, femmes et hommes épargnent un montant quasi similaire (54.811 euros pour elles, 54.307 euros pour eux), pour un niveau de crédit proche (127.736 euros et 126.491 euros respectivement). Le budget du premier achat immobilier est quasi égal : 174.899 euros pour les femmes, 174.874 euros pour les hommes.

Toutefois, les femmes remboursent en moyenne 7 mois de plus que les hommes, avec 17 ans et 6 mois de durée d'emprunt, contre 16 ans et 11 mois pour les hommes en moyenne, a constaté le courtier. Pour les femmes, faire valoir un « compte bien géré » et « le moins de crédits à la consommation possible », afin de préserver leur capacité d'endettement, « permet de montrer patte blanche », conclut Empruntis.