La facture des dégâts causés par des catastrophes naturelles devrait s'établir à 92 milliards d'euros en France entre 2014 et 2039, soit pratiquement le double de celle des 25 années précédentes, selon une projection de la profession publiée jeudi.

Cette évaluation s'accompagne de 34 propositions destinées à améliorer les politiques de prévention et développer la culture du risque. L'augmentation du coût des dégâts tient pour 43% à la hausse globale du niveau de richesse du pays, le changement climatique apparaissant comme le deuxième facteur, à hauteur de 30%, selon l'Association française de l'assurance (Afa) qui publie pour l'occasion un livre blanc.

« Les données montrent que le changement climatique est déjà à l'œuvre en France. Treize milliards d'euros sur les 44 milliards d'augmentation sont liés au facteur climat. La France, comme le reste du monde, est donc concernée », ont souligné Bernard Spitz et Pascal Demurger, respectivement président et vice-président de l'Afa, auprès de l'AFP. A l'initiative de l'Afa, 26 fédérations d'assureurs et réassureurs avaient lancé la semaine passée un appel pour le climat et souhaité « le succès » de la Conférence internationale Cop 21 qui se tient actuellement en France.

48 milliards d'euros de 1988 à 2013

Entre 1988 et 2013, les aléas naturels (sécheresses, inondations, submersions marines et tempêtes) ont coûté 48 milliards d'euros aux assureurs, soit une facture moyenne de 1,9 milliard d'euros par an.

Dans le détail, pour la période 2014-2039, le coût de la sécheresse passerait sur 25 ans de 8 à 21 milliards d'euros, un bond majoritairement lié au réchauffement climatique (pour 8 milliards d'euros). En ce qui concerne les inondations, la facture passerait de 16 à 34 milliards d'euros. Le changement climatique y jouerait un faible rôle (pour 1 milliard), contrairement à l'augmentation de la richesse du pays (8 milliards).

En y ajoutant les épisodes de submersion marine, à l'image des dégâts engendrés par la tempête Xynthia en 2010, un surcoût compris entre 3,2 et 4,2 milliards d'euros serait à prendre en compte, précise l'Afa. Enfin, en ce qui concerne les tempêtes, qui ont constitué l'aléas climatique le plus coûteux pour la profession au cours des 25 dernières années à cause notamment du caractère exceptionnel de celles de 1999, les assureurs s'attendent à devoir indemniser pour 33 milliards d'euros de dégâts d'ici 2040.

L'Association française de l'assurance a toutefois choisi de ne pas prendre en compte les effets du changement climatique sur le risque de tempêtes en France, car, souligne-t-elle, il est actuellement impossible de dire s'il augmentera ou diminuera au cours de la période considérée.

Une réforme du fonds Barnier réclamée

Parmi les propositions du livre blanc figurent par exemple une réforme du fonds Barnier destiné à la prévention des risques naturels majeurs, afin d'améliorer sa gouvernance, la mise en place d'outils pour le grand public relatifs à la prévention des risques naturels ou encore une réforme du régime des catastrophes naturelles. Cette dernière pourrait, propose l'Afa, passer par l'instauration d'une franchise pour les contrats couvrant des capitaux supérieurs à 50 millions d'euros ou par un transfert de l'indemnisation des sinistres causés par des sécheresses au régime de l'assurance de responsabilité décennale pour les constructions nouvelles.

« Ce livre blanc des assureurs a pour objectif de mettre notre expérience concrète d'indemnisation de centaines de milliers de sinistrés par an au service d'une meilleure prévention et protection contre les aléas naturels », relèvent les dirigeants de l'Association française de l'assurance.