Le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll ont reçu lundi les dirigeants de Crédit Agricole pour faire le point sur la mise en œuvre des mesures d'allègement des charges bancaires des éleveurs, alors que ceux-ci s'interrogent sur l'action des banques.

« Le Premier ministre a rappelé l'importance qu'il attache à ce que les mesures de restructuration des emprunts et notamment l'année blanche, c'est-à-dire un report total des annuités de 2015, soient proposées à tous les éleveurs », selon un communiqué de Matignon. « Les responsables de Crédit Agricole ont fait part de la mobilisation de leur réseau et de leur volonté de venir en aide aux éleveurs en situation difficile pour assurer la pérennité de l'élevage français, en lien avec les services de l'Etat », ajoute ce même communiqué.

« Conscient des attentes exprimées, le Crédit Agricole communiquera avant le 15 décembre sur l'ensemble du dispositif mis en place avant et depuis le plan de soutien à l'élevage », a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'établissement bancaire.

Pas la même vision d'une « année blanche »

Fin octobre, M. Le Foll avait souligné que, concernant la possibilité de demander une « année blanche », les banques n'étaient pas des « plus allantes ». Pour Bernard Lannes, président de la Coordination Rurale, deuxième syndicat agricole français, « on n'a pas la même vision de ce qu'est une année blanche, nous demandons que l'on repousse l'année de remboursement en bout de tableau, intérêt et capital, sans avoir besoin de reprendre des garanties ». Or, selon lui, « les banques, notamment le Crédit Agricole, n'en veulent pas », et proposent à la place « au cas par cas » un prêt de trésorerie avec des taux pouvant aller « jusqu'à 8% », ou un rééchelonnement de la dette donnant lieu à des pénalités de remboursement anticipé, et tout ça « en redemandant des garanties », raconte-t-il. La Coordination rurale a donc demandé que les groupes bancaires soient reçus par les préfets de Région en Bretagne et en Normandie, les régions les plus touchées.

Henri Brichart, vice-président de la FNSEA, syndicat majoritaire, a pour sa part « salué la volonté du Crédit Agricole et de ses caisses régionales de mettre en œuvre la mesure, tout en redisant qu'à ce stade, elle ne prend pas assez d'ampleur ». Il souligne que les banques « n'ont pas l'air très allantes pour entrer dans cette mesure » et évoque des difficultés administratives pour expliquer qu'il n'y a « pas énormément de dossiers qui ont pour l'instant abouti ».