Le président du Crédit Mutuel Arkéa, Jean-Pierre Denis, redoute une « cascade de destructions d'emplois » si son organe central, la Confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM), avec laquelle il est conflit depuis des années, menait à bien son projet de réforme de ses statuts.

Dans une lettre interne adressée vendredi aux 9.000 salariés de son groupe et dont l'AFP a obtenu une copie, Jean-Pierre Denis explique qu'une telle réforme aboutirait à « la remise en cause quasi immédiate de nos centres de décision et une cascade de destructions d'emplois, sous couvert de rationalisation ».

La CNCM, actuellement association loi 1901, souhaite devenir une société coopérative à capital variable, première étape avant sa fusion à la fin de l'année avec la Caisse centrale du groupe bancaire. Cette réforme, contre laquelle a voté Arkéa – qui réunit le Crédit Mutuel de Bretagne, le Crédit Mutuel du Sud-Ouest, le Crédit Mutuel du Massif central et vingt filiales spécialisées – doit encore recevoir l'aval du gouvernement.

L'existence des filiales d'Arkéa remise en cause

Si les relations entre le Crédit Mutuel Arkéa (CMA) et la CNCM sont mauvaises depuis des années, ce changement de statut, voté en assemblée générale extraordinaire à la mi-octobre, a envenimé la situation. Le CMA, dont le siège se trouve près de Brest et qui affiche une excellente santé financière, a notamment saisi il y a un an l'Autorité de la concurrence afin de dénoncer « une situation persistante de conflits d'intérêts » au sein de la CNCM.

« La question de l'existence même de la plupart de nos filiales serait posée », ajoute M. Denis, à propos des conséquences de cette réforme, qu'il juge « menée à la hussarde » et dont l'objectif est « de créer de toutes pièces un groupe bancaire centralisé placé entre les mains du CM11-CIC », l'autre branche de la CNCM qui rassemble 11 des 18 caisses régionales du groupe mutualiste.

Denis veut un « dédoublement » de l'organe central

Pour résoudre le conflit, Jean-Pierre Denis plaide pour un « dédoublement » de l'organe central, une option compatible selon lui avec les règles européennes de l'Union bancaire. « Les deux groupes continueraient naturellement à être gouvernés par les principes du mutualisme. Chacun d'entre eux serait doté d'une structure de tête assumant, comme c'est déjà le cas aujourd'hui, les fonctions de pilotage stratégique et de gestion opérationnelle », en plus des nouvelles responsabilités d'organe central.

La CNCM n'était pas joignable dans l'immédiat pour un commentaire.