L'association de consommateurs UFC-Que Choisir a dressé mercredi un réquisitoire contre le crédit d'impôt pour la rénovation énergétique, pointant du doigt « des mécanismes pourris » et un système « complexe et inadapté », en présentant une étude sur ce dispositif lancé en 2005.

« On est affligés de voir que le gouvernement choisit la fuite en avant, avec un dispositif pas du tout adapté », a critiqué le président de l'association Alain Bazot en présentant à la presse une étude sur les aides à la rénovation énergétique, l'ancien CIDD (crédit d'impôt développement durable) rebaptisé l'an dernier CITE (crédit d'impôt à la transition énergétique).

Principal problème, selon l'UFC, l'absence de corrélation entre les aides versées aux consommateurs et la performance énergétique réelle : « Le crédit ne donne pas le cap à la rénovation vertureuse. C'est directement lié à la mécanique du dispositif : l'aide est sur l'équipement, et ne dépend pas de la performance énergétique », a expliqué Alain Bazot.

Effet pervers du système : les consommateurs ont eu tendance à changer leurs fenêtres (41% des travaux), très bien prises en charge par le système, alors que les huisseries ne représentent que 10% des déperditions d'énergie. A l'inverse, l'isolation ne représente que 10% des travaux, alors qu'elle provoque 70% des pertes d'énergie, explique l'UFC. Environ 85% des logements français ont pourtant des performances énergétique jugées « médiocres ou déplorables », soit 23 millions de logements, regrette l'association.

« Complexe, modifié 7 fois et changeant de nom »

Le désengagement de l'Etat, dont les aides sont passées de près de 2,4 milliards à environ 600 millions d'euros entre 2009 et 2013, n'a pas entraîné de baisse du montant des travaux engagés par les ménages, preuve pour L'UFC que le dispositif est « complexe, modifié 7 fois et changeant de nom, et méconnu, avec des consommateurs qui découvrent le crédit d'impôt après le lancement des travaux », explique l'association, qui pointe également une corrélation entre le montant des aides versées et la hausse des prix pratiqués par les professionnels, avec une augmentation importante des litiges rapportés par ses adhérents.

L'association veut profiter de l'examen au Parlement du projet de budget 2016, pour tenter d'infléchir le fonctionement du dispositif. Elle engage le gouvernement à s'inspirer des mesures existant en Allemagne, où les aides dépendent directement de la performance énergétique, permettant en outre de créer près de 10.000 postes d'experts chargés de certifier les travaux réalisés.