En mai dernier, Monabanq est revenue sur la scène médiatique après 3 années de discrétion. La campagne « Les gens avant l’argent » vise à positionner la banque en ligne basée à Villeneuve d’Ascq, près de Lille, en décalage par rapport à la concurrence : humaine, accessible, généraliste, etc. Son directeur général, Alain Colin, explique ce retour, assume sa différence et annonce les lancements de produits à venir.

Pourquoi Monabanq reste-t-elle sur un positionnement à part sur le marché de la banque en ligne avec un compte payant, même à moindre coût, alors que la gratuité est la règle chez vos concurrents ?

Alain Colin : « Attention, il ne faut pas confondre carte gratuite et compte bancaire gratuit. Ce que mettent en avant les autres banques en ligne, c’est une carte de paiement gratuite. A côté, elles ont des grilles tarifaires de plusieurs pages, alors que la nôtre tient sur une feuille A4. Nos clients viennent de la banque traditionnelle : en arrivant chez Monabanq ils font tout de même d’importantes économies. Chez nous, un client qui n’est jamais dans le rouge paiera uniquement 24 euros par an, soit 2 euros par mois. »

Selon vous, une offre bancaire ne peut pas être gratuite ?

A.C. : « Nous considérons qu’une banque totalement gratuite, cela n’existe pas, même sur internet ! Nous voulons être les plus transparents possible et proposer une offre complète au prix juste. Lorsque Free a lancé son forfait à 2 euros, ce n’était pas cher mais ce n’était pas gratuit pour autant. »

Quels produits comptez-vous lancer prochainement ?

A.C. : « Nous travaillons sur une offre de crédit immobilier [l’enseigne l’a déjà proposé par le passé, jusqu’en 2011, NDLR], pour un lancement sur un horizon d’un an. Nous voulons nous positionner comme la banque en ligne avec la gamme de produits la plus large : produits d’épargne (livrets, assurance-vie, bourse), crédits auto, moto, travaux et crédit renouvelable, assurances, etc. »

Le Plan épargne logement, qui ne figure plus dans votre catalogue, fera-t-il son retour ?

A.C. : « Il reviendra soit au même moment que le crédit immobilier, soit légèrement après. »

Vous venez d’annoncer le lancement d’un « coaching budgétaire » pour accompagner votre clientèle régulièrement dans le rouge. S'agit-il d'une population que vous aimeriez attirer plus fortement ?

A.C. : « Le coaching budgétaire ne s’adresse pas qu’aux personnes régulièrement à découvert. Il sera proposé à l’ensemble de nos clients. Certains d’entre eux ont des revenus confortables mais ne parviennent pas à épargner, et ils sont volontaires pour consommer de façon plus équilibrée. Le but est qu’en trois rendez-vous, le client ait les clés pour atteindre son objectif, quel qu’il soit, et puisse continuer en toute autonomie. Qu'il ait des revenus élevés ou non, nous voulons qu’il se sente considéré de la même manière, alors que ce n’est pas le cas dans la plupart des banques. »

Ce nouveau service colle avec votre campagne « Les gens avant l’argent », qui vise à humaniser votre image…

A.C. : « En effet. Mais cette campagne ne vise pas spécifiquement la clientèle fragile. Nous souhaitons surtout mettre en avant des valeurs et lutter contre les stéréotypes véhiculés par les autres banques dans leurs publicités. Nous voulons montrer les Français tels qu’ils sont, sans préjugé. Un CSP+ n’est pas nécessairement un jeune cadre dynamique en costume cravate. »

Avec cette campagne, vous réinvestissez la scène médiatique après plusieurs années de discrétion. Pourquoi ce retour ?

A.C. : « Nous avons effectivement été discrets pendant 3 ans. Cela correspond à une période de mise à niveau de nos systèmes d’information. Nous voulions d’abord finaliser ces process. La campagne ''Les gens avant l’argent'' nous permet d’être visible à nouveau. A l’avenir, la prise de parole se poursuivra. Nous voulons confirmer notre position, avec une place spécifique sur le marché de la banque en ligne. »

Combien de clients avez-vous aujourd’hui ?

A.C. : « 290.000. Cependant, nous ne nous fixons pas d’objectif en termes de taille. Nous attirons 10.000 nouveaux clients actifs chaque année, dont une bonne partie par recommandation quand nous n’étions pas en campagne de recrutement grands médias. »

Avec votre campagne « Les gens avant l’argent », cherchez-vous tout de même à élargir votre palette de clients, les banques en ligne attirant traditionnellement les CSP+ ?

A.C. : « Beaucoup de Français s’intéressent à la banque en ligne. De plus en plus de gens sont autonomes dans la gestion de leurs comptes : ils sont donc prêts à nous rejoindre quel que soit leur niveau de revenu. Dans notre communication, nous avons forcé le trait en revendiquant notre accessibilité, avec une offre sans condition de revenus : nous marquons notre différence dans le paysage des banques en ligne. »

Visez-vous exclusivement les clients des banques traditionnelles ?

A.C. : « De fait, puisque c’est une contrainte réglementaire : les clients doivent déjà avoir un compte dans une autre banque pour en ouvrir un dans une banque en ligne. Il y a très peu de passage d’une banque en ligne à une autre. »

Quels sont vos objectifs par rapport à cette campagne ?

A.C. : « Nous sommes beaucoup d’acteurs sur ce marché en construction. Certaines banques en ligne ont des moyens très importants. Dans cette course, nous cherchons à développer notre notoriété tout en nous décalant vis-à-vis de la concurrence, et de façon marquée ! Car si l’on réalise une étude aujourd’hui sur l’image des banques en lignes existantes en France, je ne suis pas sûr que le grand public soit capable de les différencier clairement les unes des autres. »

La campagne, lancée en mai, vous permet-elle déjà d’obtenir les résultats escomptés ?

A.C. : « Si nous continuons, c’est que nous avons des retours allant dans le bon sens. »