François Bayrou, président du MoDem, et Gilles Carrez, président (Les Républicains) de la Commission des finances de l'Assemblée, ont défendu mercredi le choix par François Hollande de proposer François Villeroy de Galhau pour le poste de gouverneur de la Banque de France, un choix contesté par un collectif de près de 150 économistes.

« Je ne suis pas souvent d'accord avec les nominations de François Hollande; Il m'arrive très souvent de les critiquer mais ici, François Villeroy de Galhau est quelqu'un qui remplit à mon sens les deux conditions nécessaires : compétence indiscutable et sens moral indiscutable. C'est assez rare pour qu'on puisse le dire », a déclaré François Bayrou sur France Info. Cette nomination doit encore être entérinée par les commissions compétentes de l'Assemblée nationale et du Sénat, comme le prévoit la Constitution.

S'inquiétant d'un possible conflit d'intérêt, un collectif de près de 150 économistes, dont Thomas Piketty, appelle cependant les parlementaires à s'opposer à cette nomination de M. Villeroy de Galhau, ancien directeur général délégué de BNP Paribas.

« Attention et respect »

« Des critiques disent : mais il travaillait à la BNP il y a quelques mois avant d'être nommé à la Banque de France. Je voudrais simplement rappeler –mais ceux qui entretiennent cette polémique le savent bien– que la Banque de France ne contrôle plus les banques. C'est désormais la Banque centrale européenne qui contrôle les banques pour éviter qu'il y ait des dérives. En tout cas, c'est quelqu'un qui mérite l'attention et le respect », a poursuivi François Bayrou.

Interrogé par la radio BFM, Gilles Carrez, député Les Républicains et président de la commission des Finances, a également défendu ce choix. « A partir du moment où le gouvernement fait cette proposition, moi je ne m'y opposerai pas », a-t-il déclaré. « Il y avait deux candidats déclarés, tous deux de bonne qualité : (l'économiste) Benoît Coeuré dont on a absolument besoin à la BCE (...) et il y avait François Villeroy.

Une lettre « très convaincante »

Que lui reproche-t-on ? D'avoir été avant dans la banque. Mais où était (le président de la BCE) Mario Draghi avant ? Où était avant le président de la réserve fédérale (américaine) ? Où était avant le gouverneur de la Banque d'Angleterre ? Je ne vois pas pourquoi il y aurait une sorte de variété spéciale de gouverneurs de la Banque de France qui ne connaîtrait rien et n'aurait aucune expérience dans le monde bancaire », a développé le député du Val-de-Marne. « Ce qui compte, c'est vraiment les questions d'éthique et de morale. Et la lettre que m'a envoyée François Villeroy de Galhau la semaine dernière, je la trouve vraiment très convaincante », a ajouté M. Carrez.

L'économiste Jacques Attali, ancien conseiller spécial de François Mitterrand, a également pris sa défense, estimant qu'« en ces temps difficiles, François Villeroy sera un grand gouverneur de la Banque de France : compétent et indépendant ».