Selon un rapport remis mercredi au Premier ministre, le financement de l'investissement des entreprises, présenté comme la solution sine qua non à l'installation d'une croissance solide et durable, a besoin de relever les défis de l'innovation et d'une épargne encore trop prudente en Europe.

François Villeroy de Galhau, ancien haut fonctionnaire puis directeur général délégué du groupe bancaire BNP Paribas, a remis mercredi à Manuel Valls un rapport d'étape sur cette question, dont il avait été chargé fin avril. Dans un communiqué de Matignon, le Premier ministre a dit « partager les constats » de l'ex-banquier, dont le nom est cité parmi les favoris pour succéder à Christian Noyer à la tête de la Banque de France, à l'automne.

« Les mesures qui seront retenues par le gouvernement dans les prochains jours ont vocation à être mises en œuvre le plus rapidement possible en France et viendront nourrir nos positions européennes », a indiqué Matignon dans ce communiqué. Le fait qu'il s'agisse d'un rapport d'étape n'exclut pas des décisions rapides, a précisé l'entourage du Premier ministre à l'AFP.

Réorienter l'assurance-vie vers l'économie réelle

Le rapport établit dans ce premier jet le constat d'« un défi central »: concilier « des investissements de plus en plus innovants et donc risqués, une épargne abondante mais prudente et un système financier mieux sécurisé » depuis la crise de 2008.

« L'investissement n'est pas en cale sèche en France, mais pour poursuivre la métaphore maritime, il n'est pas assez manoeuvrant, pas assez portant », a estimé Villeroy de Galhau devant quelques journalistes. En France, il souhaite que les banques agissent « résolument pour sortir de ce malentendu persistant » avec les entreprises, en améliorant leur accès aux crédits de trésorerie.

Il reprend également un argument très souvent avancé : la nécessaire réorientation vers l'économie réelle d'une partie des quelque 1.600 milliards d'euros placés en assurances-vie. Cette question d'une épargne mal orientée se pose également dans la zone euro, qui bénéficie d'« un excédent courant dépassant 200 milliards d'euros par an », mais mal réparti et qui ne joue pas son rôle de tampon contre les chocs nationaux, souligne le rapport.

Agir au niveau européen

Plus généralement, le haut fonctionnaire voit une solution potentielle dans la future « Union des marchés de capitaux » voulue par la Commission européenne, dont il souhaite avancer la création à 2016-2017 plutôt que 2019 et changer l'intitulé en « Union de financement et d'investissement ».

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« Il s'agit de permettre aux entreprises une diversification réelle - et souhaitée - de leurs possibilités de financement », explique-t-il. Cela constitue selon lui un « impératif » pour les 19 pays de la zone euro afin de « mieux orienter l'épargne (...) vers le long terme correspondant à leurs besoins croissants de retraite ».

M. Villeroy de Galhau recommande également de revenir sur la disposition européenne, prévue dans la directive Solvabilité 2, et qui détourne les assureurs des placements à risque et à long terme.

Dans ce premier jet enfin, l'ancien banquier suggère d'ouvrir trois chantiers européens sur le droit des faillites, l'information économique sur les PME et la protection des consommateurs.