L'activité de Tracfin, la cellule de renseignement anti-blanchiment de Bercy, a encore augmenté au premier semestre 2015, en raison notamment d'une progression de 50% des alertes sur d'éventuels financements du terrorisme. Le directeur de Tracfin a par ailleurs fait savoir que l'accent a été mis ces derniers mois sur la surveillance du crédit conso.

La croissance totale des signalements faits à Tracfin (traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins) les six premiers mois de l'année a été de 10% après une croissance de 30% sur l'année 2014, a expliqué mardi le directeur de Tracfin, Jean-Baptiste Carpentier, lors d'une conférence de presse.

Concernant la seule question de la lutte contre le financement du terrorisme, l'augmentation enregistrée a été de 50% par rapport au premier trimestre 2014, a-t-il détaillé en présentant un rapport de l'organisme intitulé « tendances et analyse des risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme ».

Les résultats de l'accroissement de la vigilance

Au total, 230 dossiers soit un ensemble d'environ 2.000 personnes, sont aujourd'hui en cours d'instruction. Jean-Baptiste Carpentier a rappelé que cette augmentation ne signifiait pas forcément l'augmentation de faits suspects mais pouvait aussi résulter de l'accroissement de la vigilance, demandée par les pouvoirs publics notamment depuis les attentats de janvier.

Dans sa totalité, Tracfin comprend un peu plus de 100 agents, en augmentation contrairement à la tendance générale de suppressions de postes de fonctionnaires, en raison de la priorité qu'il représente dans la lutte contre le financement du terrorisme mais aussi dans celle contre la fraude fiscale, une manne qui a rapporté presque 20 milliards d'euros à l'Etat en 2014.

L'accent sur la surveillance du crédit conso

Le directeur de Tracfin a expliqué mardi que l'accent avait été mis ces derniers mois sur la surveillance demandée aux banques et organismes de crédit qui proposent des crédits à la consommation. « Les crédits à la consommation paraissaient un faible risque », a-t-il relevé, jusqu'à ce que Amédy Coulibaly finance son action notamment par ce type de crédits.

Amédy Coulibaly a assassiné quatre juifs le 9 janvier lors de la prise d'otages du magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes, avant d'être lui-même abattu pendant l'assaut. La veille, il avait tué une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine).

« S'interroger sur l'utilisation des fonds prêtés »

« Il s'agit de faire un peu plus attention, de ne pas s'en tenir à la prévention du risque d'impayés, de s'interroger sur l'utilisation des fonds prêtés », a expliqué Jean-Baptiste Carpentier, en reconnaissant qu'il s'agissait pour le prêteur d'un « exercice compliqué ». « Ça repose énormément sur l'intelligence des personnes », a-t-il poursuivi.