« Le Livret A rapporte plus rien ! » : voici une phrase qu’on a souvent entendue ces dernières années. Bloqué à 0,50% depuis le début de l’année, le rendement réel du livret réglementé, corrigé de l’inflation, est en effet passé en territoire négatif. Mais a-t-il perdu pour autant tout intérêt ?

0,50%. C’est le taux d’intérêt annuel servi par le Livret A depuis le 1er février, un plancher historique. Et cela pourrait être encore pire. Au regard de la nouvelle formule de calcul, il aurait dû être ramené à 0% le 1er août, sauf que la réglementation a fixé un seuil minimum : 0,50% donc. Avec des prix à la consommation en hausse de 0,80% sur un an au mois de juillet en France, selon les derniers chiffres de l’Insee, le rendement réel du produit d’épargne le plus populaire en France (55 millions de comptes ouverts) se situe en territoire négatif. Autrement dit, le Livret A vous rapporte moins que l'inflation, et il ne protège donc pas totalement votre pouvoir d'achat.

Avec son taux net d’impôts de 0,50%, le Livret A a-t-il pour autant perdu tout intérêt ? Pour répondre à cette question, il faut l’observer dans son environnement général. Et s’apercevoir qu’aucun produit n’échappe à la conjoncture de taux bas.

Les livrets bancaires ne rapportent plus rien ou presque

Pas les livrets bancaires par exemple, qui partagent certaines caractéristiques du Livret A, en particulier la sécurité (taux et fonds garantis) et la souplesse (fonds disponibles à tout moment). Selon notre indicateur de taux des livrets bancaires, la rémunération moyenne des comptes épargne fiscalisés à taux de marché est de 0,07% en août, soit 0,054% net seulement net de prélèvement forfaitaire unique (PFU) à 30%. Un taux très inférieur à la rémunération du Livret A. Quelques produits conservent un minimum d’attractivité comme le Livret Distingo de PSA Banque qui affiche un rendement de 0,80% ensuite, soit 0,56%, net de PFU.

Pour trouver mieux, il faut donc se rabattre sur des produits plus contraignants ou plus risqués. Et encore. A 1% brut, soit 0,70% net de PFU, les nouveaux Plans épargne logement (PEL) sont au-dessus du Livret A, mais avec des contraintes de versement et l’impossibilité de faire des retraits partiels. Un constat qui ne vaut toutefois que pour les plans ouverts depuis le 1er janvier 2018. Les chanceux détenant des PEL d'ancienne génération continuent eux de profiter de taux plus intéressants : 2,63% en moyenne en juillet selon la Banque de France.

Passe difficile pour l'assurance vie

Du côté de l’assurance vie, la baisse de rendements des fonds en euros, à capital garanti, se poursuit avec du 1,33%, net de frais de gestion (mais avant fiscalité), en moyenne en 2019, et 1% attendu en 2020. Sans compter que les assureurs poussent leurs clients vers les unités de compte, plus risquées, et proposent désormais des fonds euros sans la garantie à 100% du capital versé à l’image de la révolution opérée par Spirica.

Reste aussi le Livret d’épargne populaire (LEP) avec un rendement de 1% net d’impôt. Sauf qu’il un fonctionnement beaucoup plus contraignant que celui du Livret A. Seuls les foyers fiscaux disposant d’un revenu fiscal de référence inférieur à 19 977 euros (pour une personne) peuvent en bénéficier par exemple. Résultat, il faut présenter chaque année son avis d’imposition à son banquier, pour ouvrir un LEP ou le maintenir ouvert.

Le rôle protecteur du Livret A

Au final, le Livret A, s’il ne protège plus de l’inflation, joue toujours un rôle protecteur. Sur les six premiers mois de l'année, la collecte cumulée sur ce produit d'épargne s'élève à 20,41 milliards d'euros contre 11,57 milliards d'euros un an plus tôt. En dépit d'un niveau de rémunération au plus bas, le Livret A est devenu un placement refuge pour les épargnants depuis le début de la crise déclenchée par la Covid-19.

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« Les Français savent que le contexte économique est catastrophique, qu'il y a des risques de licenciement et qu'il n'y aura pas d'augmentation de salaire, explique Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet d'étude Facts & Figures. Comme les assureurs vie ne veulent pas engranger de la collecte nette sur leurs fonds en euros dans la configuration actuelle des marchés financiers, il y a donc un report important de la collecte d'épargne sécurisée vers l'épargne bancaire réglementée », telle que le Livret A.