Trois banques françaises - Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole -, ont décidé de ne pas participer au financement d'un vaste projet minier près de la Grande barrière de corail, en Australie, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.

Elles se sont engagées à ne financer aucun des projets de mines de charbon et d'infrastructures associées dans le bassin de Galilée, dans l'Etat du Queensland (est), a indiqué à l'AFP Lucie Pinson de l'ONG Les Amis de la Terre. « C'est la première fois que les banques s'engagent à ne pas financer les projets de toute une région en raison de leurs impacts environnementaux et climatiques », a souligné l'ONG dans un communiqué. « Leurs engagements vont donc au-delà de celui des huit autres banques internationales » qui s'étaient, pour la plupart, seulement engagées à ne pas financer l'extension du port d'Abott Point, nécessaire à l'exportation du charbon, souligne-t-elle.

Interrogées par l'AFP, les trois banques françaises ont confirmé cette information, BNP précisant que sa décision s'inscrit dans une politique de financements responsables mise en place depuis plusieurs années.

Une bombe climatique

Selon Les Amis de la Terre, neuf mines de charbon sont prévues dans le bassin de Galilée, ainsi que des extensions portuaires, notamment du port d'Abbot Point destiné à l'exportation du minerai essentiellement vers l'Inde, mais aussi des voies ferrées et des centrales à charbon pour alimenter les mines. Ce gigantesque projet est « une bombe climatique », car il « contribuerait à émettre 705 millions de tonnes de CO2 par an, soit presque autant que l'Allemagne », 6e pays le plus émetteur au monde, avertit Lucie Pinson. Il abîmerait aussi la Grande barrière de corail, « l'un des plus grands écosystèmes de la planète, qui souffrirait des infrastructures construites le long de la côte et du passage des bateaux », ajoute-t-elle, se félicitant du succès de la campagne menée par Les Amis de la Terre avec le soutien d'une cinquantaine d'ONG internationales.

Huit banques internationales « ont déjà pris un engagement à ne pas financer l'extension du port d'Abbot Point (...): Deutsche Bank, HSBC, RBS, Barclays, Citi, Morgan Stanley, JPMorgan Chase et Goldman Sachs », rappellent Les Amis de la Terre. L'extension d'un terminal pour le charbon à Abbot Point doit être réalisée par les groupes indiens GVK et Adani.

Selon Les Amis de la terre, Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole S.A. « comptent parmi les 25 premiers financeurs du secteur du charbon au niveau international ». Société Générale avait annoncé en décembre dernier qu'elle suspendait son mandat de conseil dans le projet Alpha Coal, l'une des mines prévues dans le bassin de Galilée.