L'industrie et les secteurs d'avenir tels que les biotechnologies sont les premiers bénéficiaires des fonds investis en commun par cinq grands assureurs et Bpifrance, trois ans après le lancement de ce partenariat, ont annoncé mardi les participants.

Les assureurs ont apporté 690 millions d'euros et la banque publique 715 millions au projet, qui a attiré d'autres investisseurs tels que des fonds de pension américains, portant à 4,4 milliards d'euros la somme totale promise aux petites et moyennes entreprises.

Allianz France, Axa France, BNP Paribas Cardif, CNP Assurances et Crédit Agricole Assurances s'étaient engagés en février 2012 à investir entre 620 et 720 millions d'euros sur quatre ans à destination des PME innovantes via des fonds d'investissement labellisés « France Investissement Assurance ».

63% en capital développement

Les sommes pour les primo-investisseurs ne devaient pas dépasser 15 millions d'euros, ciblant ainsi un segment de PME de croissance habituellement peu recherché par les investisseurs institutionnels, a expliqué Bpifrance. « Les secteurs ne sont pas exactement le miroir de l'économie française puisque vous avez une surpondération de l'industrie avec 36% des montants investis, beaucoup de biotech (24% dans les sciences de la vie) », a commenté le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, au cours d'une conférence de presse commune. « Sur les vingt dernières années », les biotechs ont été les investissements « les plus rentables », a-t-il affirmé. Les services ont attiré 17% des sommes investies, les technologies de l'information et des communications 15%, les écotechnologies et l'énergie 5%, les autres secteurs 2%.

Le capital développement a compté pour 63% des montants engagés au profit d'un total de 150 entreprises, le capital-risque (dont la phase d'amorçage des entreprises) 24%, la transmission 8% et le retournement (aide au redressement d'une entreprise en difficulté) 5%.

Les cinq assureurs présents ont dit leur volonté de renouveler le partenariat après 2015 et M. Dufourcq a affiché un objectif supérieur à celui de 720 millions apportés par les assureurs en quatre ans. « L'écosystème s'est beaucoup renforcé, l'économie va recroître. Pourquoi ne pas tenter un milliard d'euros sur la prochaine promotion ? », a-t-il déclaré.

Le plus gros écosystème de capital-risque européen

Le fait que l'Hexagone avait été en janvier le 3e pays le plus représenté après les Etats-Unis et la Chine au salon d'électronique grand public de Las Vegas « montre toute l'importance de la France dans l'innovation et dans le secteur de financement des PME », a estimé Matthias Seewald, directeur des investissements d'Allianz France. L'assureur allemand a investi 78 millions d'euros dans le programme, a précisé M. Seewald, citant des « champions français » tels que Criteo, start-up spécialiste du ciblage publicitaire sur internet ou Sigfox, start-up toulousaine pionnière des technologies permettant aux objets connectés de dialoguer entre eux.

« La France est le plus gros écosystème de capital-risque européen aujourd'hui ex aequo avec la Grande-Bretagne, très très loin devant tous les autres », a déclaré M. Dufourcq, citant le chiffre de 90 fonds de capital-risque en France contre 6 en Allemagne. « A tel point que quand on va voir les capital-riskers allemands, ils nous disent « Bpifrance pourriez-vous nous financer ? Nous acceptons la contrepartie d'investir en France en retour », a-t-il ajouté. Mais « 90 fonds de capital-risque c'est à la fois bien et pas bien. C'est en réalité trop. Il n'y a pas de grande marque mondiale. Bpifrance depuis deux ans a affiché un objectif de consolidation du secteur de manière à ce qu'émergent de grandes maisons mondialement connues avec des logiques de marque de manière à attirer des capitaux étrangers beaucoup plus facilement, comme des Sequoia », a-t-il dit dans une allusion au fonds californien.