L’Ecureuil a annoncé début mars 2014 déployer un Compte sur Livret Régional dans chacune des 17 caisses de son réseau. Objectif mis en avant : le « développement des territoires ». Près d’un an plus tard, le « CSLR » a-t-il été déployé partout en France ? Pour quels résultats ? Premier bilan avec Fabrice Labarrière, directeur du marché des particuliers des Caisses d'Epargne, et Sébastien Conte, directeur marketing de la Caisse d’Epargne Bourgogne Franche-Comté, région pilote pour ce lancement.

En mars 2014, la Caisse d’Epargne a annoncé le lancement national de Comptes sur Livret Régionaux. Pour quel bilan, près d'un an plus tard ?

Fabrice Labarrière : « Un peu plus de 30.000 Comptes sur Livret Régionaux ont été ouverts, pour une collecte de plus de 400 millions d’euros. Aujourd’hui, les détenteurs de ces livrets y ont déposé en moyenne plus d’argent que sur un Livret A. L’encours moyen du Compte sur Livret Régional dépasse les 13.000 euros quand il est en moyenne nationale de 4.000 euros sur le Livret A. Au niveau du déploiement de ce nouveau produit, ces livrets ont été lancés dans toutes les régions. Il reste uniquement une caisse, celle de Midi-Pyrénées, où le CSLR n’est pas encore proposé aux clients. »

Pourtant, nous avons constaté que seules quatre Caisses d’Epargne affichent un taux de rémunération pour ce livret fiscalisé…

FL : « Certaines caisses régionales, qui ont la main sur les taux de rémunération de ces livrets, ont choisi de ne pas mettre en avant le taux. En effet, je tiens à souligner que pour les clients de ce livret le rendement n'est pas la motivation première. Son principal atout est de donner du sens à leur épargne en mettant en valeur la traçabilité de l’épargne ! Il ne s’agit pas d’un banal produit à taux boosté ! »

Sébastien Conte : « Dans la caisse Bourgogne Franche-Comté, nous avons un livret dans chacune des deux régions. Nous avons choisi de proposer un taux supérieur à celui du Livret B [0,90% brut à ce jour en Bourgogne Franche-Comté, NDLR]. Mais, à 1,75%, nous ne cherchons pas non plus à lutter avec les taux boostés du marché [dans les autres régions où le taux du CSLR est affiché, il est de 1%, 1,15% et 1,25%, NDLR]. Cela nous a tout de même permis de réaliser une collecte de plus de 50 millions d’euros sur ce produit dans notre Caisse d’Epargne. »

Pouvez-vous développer ce que vous considérez être comme l’atout principal de ce produit, la traçabilité ?

FL : « Ce livret est cohérent avec notre ADN. Collecter de l’argent localement pour financer des projets locaux, c’est ce que nous faisons depuis toujours : la collecte d’une Caisse d’Epargne est réinvestie pour financer le développement des entreprises, des projets de sa région. Mais avec le Compte sur Livret Régional on va plus loin, en leur indiquant concrètement où va leur argent. Ce qu’il apporte, c’est le fléchage de l'épargne collectée et de son utilisation. »

Comment se traduit concrètement ce fléchage de l’épargne ? Via une plateforme web ? Des informations en agences ?

FL : « Nous avons mis en place un dispositif de communication national et régional, notamment, avec un site web dédié dans chacune des Caisses d’Epargne. Et pour fêter le premier anniversaire du lancement, nous allons diffuser une carte avec les projets emblématiques qui ont été financés partout en France. »

SC : « En Bourgogne Franche-Comté, nous envoyons une newsletter aux souscripteurs du Compte sur Livret Régional intéressés. Nous évoquons ainsi les projets financés. Certains emprunteurs demandent à ne pas être cités, dans ce cas nous communiquons sur le domaine concerné. D’autres acceptent : nous avons par exemple fait une vidéo avec un viticulteur qui a été financé par ce biais. »

En mars dernier, une carte avait déjà été diffusée avec les thématiques des projets devant être financés dans chaque caisse régionale. La future carte sera-t-elle similaire ?

FL : « Elle va être enrichie d’exemples et de vidéos, mais ce sera en effet cohérent avec ce qui avait été évoqué à l’époque. »

SC : « En Bourgogne Franche-Comté, nous sommes restés sur nos thématiques : la création d’emplois dans les industries spécifiques du territoire (vigne, fromage, jouets, etc.) et l’innovation technologique et environnementale. »

Si ce livret n’avait pas existé, les projets concernés auraient-ils tout de même été financés ?

SC : « Probablement, dans la plupart des cas. Mais lorsque l’on dit aux clients que l’argent déposé sur leur Livret A sert au logement social, cela ne leur paraît pas très concret. Nous avions besoin d’un produit qui à la fois réaffirme notre ancrage régional, et surtout offre une traçabilité de l’argent déposé : communiquer sur la façon concrète dont l’épargne sert au dynamisme de la région. »

Quel type de clients est intéressé par ce livret ?

FL : « C’est trans-générationnel. »

Surtout des sociétaires ?

FL : « Oui beaucoup mais pas seulement. Ce ne sont pas les seuls à s’intéresser au développement de leur région. »

Le Crédit coopératif a lancé un livret troisième révolution industrielle. Certaines Banques Populaires ont leur livret local, le Crédit Agricole ses livrets sociétaires…

FL : « Nous sommes très heureux que certains confrères mutualistes fassent comme nous. Il me semble toutefois que nous allons plus loin. Ce qui fait l’originalité de notre démarche, c’est que nous avons lancé le Compte sur Livret Régional nationalement, dans chaque région, qu’il soit ouvert à tous nos clients et que nous affichons la traçabilité de l’épargne. Nous avons une démarche globale. »