De nombreux indicateurs financiers permettent de comprendre et d’analyser le comportement des fonds d’investissement. Tour d’horizon des principaux indicateurs et explications.

Au-delà des grands principes pour juger de la qualité d’un fonds d’investissement, il existe un grand nombre d’indicateurs financiers. Ces derniers constituent une palette d’outils d’analyse complète et approfondie permettant de choisir les fonds en fonction des critères privilégiés par l’investisseur : résilience à la baisse, agressivité en période de hausse, surperformance régulière, etc.

Ces indicateurs sont de deux types :

  • Les indicateurs absolus tirés uniquement de la série historique du fonds,
  • les indicateurs relatifs calculés en comparant la série historique du fonds à celle de son indice de référence représentant « le marché ».

Les indicateurs absolus

La performance. C’est l’indicateur le plus simple et le plus connu. Il s’agit de la différence, exprimée en pourcentage, entre la valeur liquidative (VL) finale et la VL initiale, divisée par la valeur initiale. Concrètement, la performance reflète ce que vous a rapporté – ou fait perdre - votre fonds sur une période donnée. Ce chiffre peut être cumulé sur la période ou annualisé.

La volatilité. C’est l’écart-type de votre série historique sur la période, c’est-à-dire l’éloignement de la série avec sa valeur moyenne. Cet indicateur va ainsi décrire l’amplitude de la série historique autour de la moyenne. Or, qui dit amplitude importante, dit aussi risque d’avoir investi au plus haut et désinvesti à un plus bas qui sera d’autant plus « éloigné » du plus haut que la volatilité sera importante. C’est la raison pour laquelle traditionnellement en finance, la volatilité est associée à la notion de risque : plus la volatilité est importante, plus l’amplitude des valeurs prises par le fonds l’est aussi et plus la probabilité de perdre une somme importante existe pour le client. Sa valeur est toujours annualisée.

L’indice de Sharpe. A partir des années 50, on a commencé à raisonner non plus en termes de performance seule mais en associant la performance à la volatilité en partant du principe qu’une volatilité forte devait être compensée par une performance importante. C’est ce qu’exprime l’indice de Sharpe (du nom du prix Nobel d’économie William Sharpe) qui va correspondre à la performance annualisée (hors taux sans risque) divisée par la volatilité. Cela revient à calculer la rémunération du risque pris.

La perte maximale. Appelée aussi Max Drawdown, c’est l’autre approche du risque la plus couramment utilisée et la plus simple à comprendre pour l’investisseur. Elle va déterminer la perte qui aurait été subie par l’investisseur s’il avait eu la malchance d’investir au plus haut et de revendre au plus bas sur la période considérée. Elle est aussi associée à la durée de recouvrement, qui est le nombre de jours que le produit a mis pour revenir à son plus haut historique après être passé par le plus bas.

Le ratio Omega. Ce ratio provient des produits dont la cotation ne permettait pas de calculer une volatilité fiable, en particulier les produits alternatifs. Il permet de juger de la qualité d’un produit en divisant l’ensemble des performances constatées au-dessus d’un certain seuil (correspondant au rendement minimum souhaité) par celles en-dessous de ce seuil. Si le seuil est pris égal au taux sans risque cela correspond à regarder l’ensemble des performances positives divisé par l’ensemble des performances négatives. Si le ratio Omega est supérieur à 1 alors le fonds aura eu une performance positive, s’il est inférieur à 1 il aura eu une performance négative. Cet indicateur a été très à la mode après la crise de 2008 car il prenait bien en compte les évènements extrêmes, mal appréhendés par l’indice de Sharpe.

Les indicateurs relatifs

Les indicateurs relatifs sont toujours calculés par rapport à un indice de référence (aussi appelé benchmark) qui va représenter le marché. Si un fonds a fait + 10% de performance sur la dernière année c’est une très bonne performance si dans le même temps le marché a fait 0%. Si le marché a fait + 20%, c’est en revanche une performance médiocre. La comparaison d’un fonds à un indice de marché est donc souvent plus porteuse d’informations pour l’analyse que le calcul absolu.

L’Alpha. C’est la sur (ou sous) performance du fonds par rapport à son indice, c’est-à-dire la capacité qu’a eu le fonds de faire mieux ou moins bien que le marché. Un fonds peut ainsi afficher une performance négative et une surperformance positive (signifiant que le fonds a moins baissé que le marché).

La Tracking Error. La Tracking Error (ou Ecart de suivi) repose sur le même principe que la volatilité mais rapporté au marché. Ce concept est un peu moins intuitif que pour l’alpha : il s’agit de mesurer si le fonds a eu un comportement proche de celui du marché (Traking Error faible) ou au contraire s’il a eu un comportement atypique et différent de celui du marché (Traking Error élevée). Dans le premier cas on parlera de gestion passive ou « benchmarkée ». Dans le second cas on parlera de gestion active ou opportuniste.

Le ratio d’information. C’est la transposition de l’indice de Sharpe dans une version relative, c’est-à-dire la division de l’alpha par la Tracking Error (rendement relatif divisé par la volatilité relative). Même s’il ne se montre pas des plus intuitifs de prime abord, ce ratio est important car il est un bon indicateur de la qualité de la gestion du fonds et se trouve à la base d’un certain nombre de notations de fonds. Pourquoi ? Concrètement, ce ratio d’information mesure la capacité du fonds à créer de la surperformance tout en ne s’éloignant pas trop du marché. Cela signifie que le gérant du fonds a réussi à créer de la richesse régulièrement en ne prenant pas de positions trop atypiques ou à travers un comportement trop erratique. C’est la marque d’une gestion robuste et de qualité sur le long terme avec des performances qui ne risquent pas de s’inverser à la première fluctuation venue du marché.

Le Béta. Cet indicateur mesure la sensibilité du fonds par rapport au marché. Basé autour de la valeur 1, il indique de combien a varié en moyenne le fonds par point de variation du marché. Exemple : un fonds avec un béta de 1,2 sera 20% plus réactif que le marché. Ce qui veut dire que pour chaque point de hausse ou de perte du marché, le fonds aura eu une hausse ou une perte moyenne de 1,2 point. De la même manière, un fonds ayant un béta de 0,8 sera 20% moins réactif que le marché. On dira dans le premier cas, que c’est un fonds offensif car il amplifie les mouvements du marché à la hausse et dans le deuxième cas, que c’est un fonds défensif car il atténue les effets du marché à la baisse.

Le DownSideRisk (DSR). Le DSR part de l’idée simple que la volatilité est une valeur d’amplitude autour d’une valeur moyenne et que cette amplitude ne peut s’apparenter à un risque que dans les périodes de baisse. En effet l’amplitude à la hausse est ce que cherche tout investisseur. On introduit alors une dissymétrie dans le calcul, en ne prenant en compte que les périodes où le marché a été négatif. Cela revient à calculer une « volatilité à la baisse » qui est au final la seule qui intéresse l’investisseur étant donné que c’est elle qui décrit l’amplitude des pertes potentielles.

L’indice de Sortino. De la même manière que pour l’indice de Sharpe, l’indice de Sortino est le rapport entre la performance du fonds et le DSR. Cela revient à ne regarder que la performance rapportée à l’amplitude à la baisse. Un indice de Sortino élevé va donc mettre en avant les fonds qui ont été performants tout en étant résilients pendant les périodes de baisse du marché.

L’avis du spécialiste Quantalys

La durée sur laquelle il faut calculer ces indicateurs fait souvent débat. Par défaut, les indicateurs sont calculés sur une période de 3 ans qui est considérée comme la période optimale pour ce type de placement de long terme. Néanmoins il est utile de regarder ces indicateurs sur d’autres périodes, plus courtes (1 an) pour avoir dans la liste de choix des produits récents qui peuvent être prometteurs, ou plus longues (5 ans) pour intégrer des phases différentes de marché et lisser dans le temps les accidents de parcours. L’autre question est de savoir quel intervalle prendre pour ces calculs. Alors que les calculs étaient traditionnellement faits sur des données mensuelles, il est maintenant plus fréquent de les réaliser sur des données hebdomadaires, en particulier pour ce qui concerne la volatilité, le Béta, le ratio Omega et leurs dérivés.

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