En 2014, les taux d'intérêts des crédits immobiliers ont reculé de mois en mois... Et en 2015 ? Certains professionnels du secteur pronostiquent une poursuite de ce mouvement, tandis que d'autres évoquent une stabilisation voire un léger redressement des taux.

Les taux des crédits immobiliers n'ont cessé de baisser tout au long de l’année 2014. Le courtier Empruntis enregistre un recul de 0,90 point pour les taux sur 20 ans, qui sont passés de 3,55% en janvier à 2,65% en décembre. De son côté, son confrère Meilleurtaux estime la baisse des taux à 0,80 point sur l'année dans l'Hexagone. Sur la seule période de février à octobre 2014, l'observatoire Crédit Logement/CSA notait une baisse de 0,54 point, et se risquait déjà en octobre à une projection à long terme, soulignant que « les conditions de crédit devraient […] rester très bonnes jusqu’à l’été voire jusqu’à l’automne 2015 ».

« Aucun signe de remontée des taux »

« Pour ma part, je ne vois aucun signe de remontée des taux », confirme Pascal Beuvelet, président et fondateur d’In&Fi. « Je ne suis pas devin, mais il y a des règles économiques : les taux ne remonteront que lorsque l’inflation remontera ». Et pour le moment, « les prix sont en baisse, les Etats sont endettés et la BCE prête de l'argent à 0,05%. Tant que les taux de la BCE seront bas, les taux de crédits immobiliers le seront aussi ».

Si des taux durablement bas sont une aubaine pour les emprunteurs, n'en viennent-ils pas à représenter un « danger » pour les banques ? Dès le mois de juin, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer les avait mises en garde. Selon lui, ils pourraient en effet contribuer à la montée des prix de l’immobilier, et constituer un risque pour la rentabilité des banques. L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) met aussi régulièrement en garde les banques contre le dumping en matière de prêts immobiliers. Le Comité de Bâle, en charge du contrôle bancaire international, pourrait d'ailleurs recommander en début d'année la suppression des taux fixes en faveur des taux variables, en reportant une partie de ce risque sur l'emprunteur.

« Baisse des prix de 2 à 3% »

Divergence de prévision en revanche pour le Crédit Agricole, qui ne croit pas en une baisse des taux pour 2015. Selon ses estimations, ils devraient plutôt se stabiliser, voire légèrement remonter. Le groupe prévoit même, comme conséquence, un « repli des ventes » immobilières ou « des baisses de prix un peu plus marquées ». Un avis partagé par la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), qui pronostique une baisse des prix de 2 à 3% en 2015. Même son de cloche du côté du réseau d’agences Guy Hoquet, pour qui « les prix, redevenus plus abordables depuis 4 ans, vont continuer à s’infléchir un peu ».

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Autre constat de 2014 : le nombre de primo-accédants est en baisse. En novembre, Cafpi indiquait déjà que leur situation « se [dégradait] encore un peu plus » : ils ne représentaient que 40% des emprunteurs identifiés par le courtier (contre 48% début 2012). Ce recul a également été constaté par les Notaires de France : les acquéreurs âgés de moins de 30 ans ont été à l'origine de 18,8% des ventes d'appartements anciens entre septembre 2013 et septembre 2014, soit 0,8 point de moins que sur la même période l'année précédente. « La baisse du nombre de primo-accédants en 2014 est une réalité », assure Pascal Beuvelet. « Mais en même temps ils séduisent terriblement les banques, car ils sont l’avenir. Leur nombre va remonter avec la relance du Prêt à taux zéro dans l’ancien. »

Le courtier est persuadé d’une « embellie en 2015 » pour ces acquéreurs. Pour l’heure, l'évolution des barèmes du PTZ+ dans le neuf, en vigueur depuis le 1er octobre, est encore trop récente pour que les professionnels notent un réel impact sur cette fin d’année 2014, même si Cafpi, dans sa météo des taux du mois de décembre, notait leur timide retour sur le neuf.

Dispositifs immobiliers : ce qui change en 2015

  • Prêt à taux zéro. Avec l'évolution des barèmes du PTZ et son élargissement à l'ancien (sous conditions de travaux et dans certaines communes) à compter du 1er janvier 2015, le gouvernement entend augmenter le nombre de dossiers de 44.000 par an à 70.000.
  • Dispositif Pinel. La loi de finances pour 2015 a assoupli ce dispositif (ex Duflot) de soutien fiscal en faveur de l’investissement locatif intermédiaire. Principaux ajustements : un engagement de location qui peut être réduit à 6 ans, et allongé à 12 ans, ainsi que la possibilité de louer aux ascendants et descendants.
  • TVA à 5,5%. A partir du 1er janvier 2015, l’accession à la propriété pour les ménages les plus modestes dans les 1.300 quartiers prioritaires de la politique de la ville sera facilitée grâce à un taux réduit de TVA de 5,5% sur les ventes et constructions de logements.