20% des agents immobiliers pourraient devenir, à court terme, des intermédiaires bancaires. C'est ce qu'explique Pascal Beuvelet, président-fondateur du réseau de courtage In&Fi, qui entrevoit une évolution majeure de ce métier. Interview.

Pascal Beuvelet, dans une tribune vous expliquiez que 20% des agents immobiliers pourraient devenir des intermédiaires en opérations de banque et en services de paiement (IOBSP). Qu'est-ce qui vous amène à ce pronostic ?

« Ces 20% viennent déjà d’une réalité existante. Aujourd’hui près de 7% des agents immobiliers sont déjà des IOBSP. Toutes les grosses agences, qu’elles soient ou non en réseau, ont bien compris l’intérêt qu’elles peuvent y trouver. Désormais pour mesurer la capacité d'endettement d'un client (et faire une simple règle de trois), il faut être IOBSP pour ne pas être en défaut avec la loi. Mais ces opérations-là, les agences immobilières les faisaient déjà avant. Aujourd'hui 10% des agences du réseau Century21 sont des IOBSP, mais c’est aussi le cas pour certaines agences Guy Hoquet, Laforêt… Les poids lourds de l’immobilier ont d’ores et déjà adopté la méthode américaine : avant même de visiter un bien, le client est dirigé vers le courtier pour établir son plan de financement. Aux Etats-Unis, 90% des agences immobilières ont un service de courtage. Je suis persuadé que cette technique va se développer en France, qui est en retard sur ce service. J’en suis convaincu, à terme 80% des agents immobiliers seront des IOBSP. »

Pourquoi, selon vous, le président de l'Association professionnelle des intermédiaires en crédits (Apic) et directeur général adjoint de Cafpi, Philippe Taboret, ne partage-t-il pas ce point de vue ?

« Je comprends que ça puisse le gêner car je mets l’agent immobilier de mon côté. Pour Cafpi, l’agent immobilier est un apporteur d'affaires, alors qu’In&Fi en fait un collaborateur, lui offre des outils pour qu’il puisse proposer le meilleur service à son client. Au départ, un agent immobilier peut choisir de donner deux dossiers de financement à la Cafpi, deux à In&Fi, un à Meilleurtaux… En revanche s’il est notre collaborateur, tous les dossiers passeront par In&Fi. Forcément, ça ne peut pas plaire à tout le monde ! De fait, je perturbe le système de la majorité des membres de l’Apic. Nous ne sommes que deux à travailler comme ça, avec Vousfinancer. Les deux derniers arrivés à l'Apic, et les deux réseaux les plus jeunes. Nous ne sommes pas des rebelles, nous sommes des précurseurs. D’ailleurs, In&Fi Crédits est aussi en partenariat avec le réseau IAD, preuve que ces deux systèmes peuvent cohabiter. »

Y’a-t-il d’autres points de divergence au sein de l’Apic ?

« Non, pour le reste nous sommes totalement en phase. Il n’y a aucun problème. Dans ce cas précis, c’est uniquement sur le plan commercial. Maintenant il va y avoir une lutte contre les agents immobiliers qui font des simulations de prêt sans être IOBSP. L’Apic entrera en conflit avec eux. Notre métier est lourd d’exigences, de formation, de compétence… On ne peut pas tolérer que d’autres fassent la même activité sans respecter les mêmes règles. »