Chaque mois, le même dilemme : faut-il placer une part de ses revenus ou tout conserver sur son compte courant afin d’éviter un découvert éventuel en fin de mois ? La réponse fait consensus : le plus important est d’anticiper ses dépenses courantes. Explications.

Une dépense imprévue. Le compte courant passe à découvert. Faut-il piocher dans son Livret A, Livret Jeune ou LEP, selon les cas, ou payer des agios ? La conclusion est évidente : l’argent placé sur un Livret A rapporte bien moins que ce que coûtent des agios à un particulier, même en restant dans la limite du découvert autorisé. Il faut donc plutôt piocher dans son Livret A.

Cette logique, valable en cas d’écart ponctuel, doit-elle prévaloir tout au long de l’année, en laissant très peu d’argent sur son compte courant ? Les intérêts des livrets étant calculés par quinzaine, il est peu avantageux de multiplier dépôts et retraits, chaque mois, sur son Livret A par exemple. Reste à trouver le bon compromis : un matelas confortable, par exemple un mois de revenus, ou le strict minimum.

Garder un mois de dépenses courantes

D’emblée, les banques contactées n’abordent pas cette question en termes d’entrée d’argent mais en termes de dépenses courantes. La Société Générale conseille ainsi de « conserver sur son compte bancaire un matelas suffisant pour couvrir les dépenses courantes du mois ».

Ce principe d’un matelas d’un mois de dépenses à conserver sur son compte bancaire est partagé par tous nos interlocuteurs sur ce sujet : aussi bien par Benjamin Clavel, associé de Conseils patrimoine services, que par Caroline Allard, responsable du projet Points conseil budget à l’Ansa, l’un traitant avec une clientèle plutôt aisée, l’autre avec un public fragile.

Déterminer son reste à vivre

Caroline Allard, qui élabore son discours en visant des personnes ayant des difficultés financières, parfois en situation de surendettement, leur conseille de calculer leur « reste pour vivre » en isolant les « dépenses pré-engagées, c’est-à-dire loyer, électricité, cantine, etc. » Des postes de dépense que l’Ansa conseille de mensualiser un maximum afin d’éviter les importantes dépenses ponctuelles. Le montant nécessaire pour ces dépenses doit dans cette logique nécessairement rester sur le compte courant. Le particulier peut ensuite arbitrer sur la base du « reste pour vivre » pour les courses, les sorties, l'épargne, etc.

Le conseiller bancaire a l'avantage d'appuyer son diagnostic budgétaire sur une donnée statistique : « le solde moyen du compte courant », comme l’indique Anne-Marie Cesari du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne. Si le solde est trop important, le conseiller bancaire en profite pour inciter son client à épargner plus.

Consulter son solde sur internet

Outre ce « reste pour vivre » ou ce « solde moyen », faut-il laisser un matelas supplémentaire pour éviter les mauvaises surprises ? Oui si l’usager bancaire consulte peu son compte en ligne, au cas où. Non dans le cas contraire : « J’estime qu’il est aujourd’hui tellement simple de virer des sommes de ses livrets vers son compte courant, via le site en ligne de sa banque, que ça ne me semble pas nécessaire », lance le conseiller en gestion de patrimoine Benjamin Clavel. Objectif : « arriver à un solde presque nul en fin de mois » pour optimiser la gestion de ses placements, « quitte à devoir effectuer un virement depuis un livret en cas de dépense plus importante que prévue ».

Lire par ailleurs la première partie de ce zoom sur la gestion de budget : Livrets : combien garder comme épargne de précaution ?