Le marché du capital-investissement en France doit faire émerger des fonds de taille plus importante pour accompagner les besoins de financement des entreprises du pays, estime Bpifrance, qui compte infléchir sa stratégie en ce sens.

« Dans le passé, on a beaucoup incité à la création de nouvelles équipes. Aujourd'hui, ce n'est plus vraiment ça dont le marché français a besoin. Il a besoin d'une consolidation », a expliqué à l'AFP Daniel Balmisse, directeur exécutif de l'établissement public, qui organise lundi après-midi un évènement destiné à faire le bilan de « 20 ans de capital-investissement » en France.

Depuis quelques mois, « il y a beaucoup de discussions entre équipes pour se rapprocher (...) Il y a un certain nombre d'opérations qui vont se concrétiser », assure Daniel Balmisse. Et Bpifrance compte accompagner ce mouvement, en investissant « de façon plus substantielle dans quelques fonds pour leur permettre d'accroitre leur taille », ajoute-t-il.

« Une taille critique à atteindre »

Le capital-investissement consiste à apporter des fonds propres à une société, généralement non cotée, en échange d'une participation à son capital. « Sur le marché du capital-risque (le financement du démarrage de nouvelles entreprises, NDLR), mais aussi sur une partie du marché du capital-développement (le financement de la phase de développement des entreprises, NDLR), nous n'avons pas d'acteurs de grande taille. (...) Il y a une taille critique à atteindre », constate le dirigeant. Lorsque des entreprises françaises ont besoin d'un niveau de fonds élevé, dans le domaine de la technologie et d'internet, par exemple, elles ne trouvent pas le soutien requis en France, déplore-t-il.

L'environnement réglementaire pousse aussi à une taille plus importante : la directive européenne AIFM (Alternative Investment Fund Managers), qui encadre plus étroitement l'activité des gérants depuis 2013, « augmente les exigences et donc la barrière à l'entrée pour développer une nouvelle société de gestion, et pour les (sociétés) existantes, c'est très consommateur de ressources », analyse Daniel Balmisse.

Autre facteur plaidant pour une concentration du secteur : les investisseurs institutionnels souhaitent de façon croissante investir des montants plus importants dans un nombre plus limités de fonds, « ce qui veut dire que le fonds doit également avoir une taille critique minimale, de l'ordre de 100 millions d'euros », poursuit-il. Enfin, les fonds qui disposent d'équipes plus étoffées peuvent se permettre de spécialiser leurs gérants, apportant ainsi une meilleure valeur ajoutée aux entreprises dans lesquelles ils investissent.

Deux acteurs à plus d'un milliard d'euros d'ici 5 ans

L'objectif de Bpifrance est que d'ici 4 à 5 ans, la France compte deux sociétés de gestion avec plus d'1 milliard d'euros d'actifs sous gestion, et cinq avec plus de 500 millions d'euros.

En 2013, les fonds d'investissement français ont levé 8,5 milliards d'euros à destination du marché du capital-investissement, et 6,6 milliards ont été investis dans des entreprises, soit près de quatre fois plus qu'en 1998, note Bpifrance.

La deuxième édition de Bpifrance Capital Invest rassemblera lundi après-midi à Paris quelque 200 sociétés de gestion actives sur le marché des PME françaises.