Depuis plusieurs mois, les informations se télescopent au rayon épargne : de moins en moins d’argent sur les Livrets A et livrets fiscalisés, de plus en plus sur les PEL et l’assurance-vie. Les Français ont-ils totalement chamboulé la répartition de leur épargne en réaction aux baisses de taux ? Eléments de réponse.

Près de 7 milliards d’euros en moins sur les livrets d’épargne, toutes catégories confondues. Près de 15 milliards en plus sur le Plan d’épargne logement (PEL) et l’assurance-vie en euros selon la Banque de France. Sur le troisième trimestre, les écarts entre les différents placements semblent béants. Mais ces collectes et décollectes sont-elles réellement significatives à l’échelle de l’ensemble de l’argent placé sur le Livret A ou sur l’assurance-vie ?

Les statistiques de la Banque de France permettent de dresser un état des lieux de l’encours des principaux produits d’épargne à la mi-2014. Avec un encours de 1.311 milliards d’euros, l’assurance-vie en euros apparaît très largement comme le placement drainant la plus grosse masse d’argent. Le PEL, qui affiche une collecte record cette année, ne représente qu'un encours de 203 milliards au 30 juin dernier. Ainsi, si le Plan épargne logement a dépassé le cap des 200 milliards, il reste toujours derrière le Livret A (265 milliards en intégrant le Livret Bleu du Crédit Mutuel).

Lire à propos du succès du Plan épargne logement : Le taux du PEL, une anomalie dans le paysage de l'épargne garantie

Le succès de l’assurance-vie, une constante

Surtout, si l’on additionne l’encours du Livret A et celui du LDD, produit très proche, rémunéré lui aussi à 1% et totalement défiscalisé, cet ensemble atteint 368 milliards d’euros d’encours. Le Livret A et le LDD continuent donc, malgré les décollectes successives, à peser plus lourd que tous les autres produits d’épargne bancaire. Ainsi, au 30 juin dernier, les livrets bancaires fiscalisés affichaient un encours de 175 milliards, les comptes à terme 73 milliards, les Livrets d'épargne populaire (LEP) 46 milliards, les Comptes épargne logement (CEL) 32 milliards, et les Livrets Jeunes seulement 7 milliards.

Les cartes ont-elles tout de même été rebattues au fil des ans ou ces derniers mois ? Les statistiques de la Banque de France portant sur l’ensemble de ces placements permettent de remonter à la mi-2009. L’assurance-vie en euros affichait un encours de 1.062 milliards d'euros. Soit déjà deux fois plus que l’ensemble des livrets d’épargne, CEL y compris : 503 milliards à l’époque contre 622 à la fin juin 2014. Le poids de l’assurance-vie dans le portefeuille des Français apparaît ainsi comme une constante, ce placement étant certes un produit d’épargne mais aussi un outil de préparation à la retraite et de transmission de patrimoine.

Livret A : un plus haut historique en avril 2014

Depuis 2009, année à partir de laquelle toutes les banques ont pu commercialiser le Livret A, l’encours de celui qui est traditionnellement présenté comme « le produit d’épargne préféré des Français » a très fortement augmenté : de 164 milliards fin 2008 - Livret Bleu du Crédit Mutuel y compris - à plus de 260 milliards en décembre 2013. Il a culminé, toujours selon les statistiques de la Banque de France, à 265,8 milliards en avril 2014, alors même que son taux avait été abaissé de 1,75% à 1,25% lors de l’été 2013. De quoi relativiser l’actuelle « chute » du Livret A.

Dans le graphique sont compilés les encours (en milliards d'euros) au 30 juin 2014, dernières données disponibles auprès de la Banque de France pour l’assurance-vie en euros. L’institution prend en compte, pour ses variations d’encours, les effets de valorisation. L’encours Livret A (dont Livret Bleu) + LDD a été calculé par cBanque sur la base des statistiques Banque de France au 30 juin 2014.