Gérard Bekerman, président de l'association d'épargnants Afer, a réagi vivement, dans Le Figaro, à l'incitation de Christian Noyer à la baisse des rendements des fonds euros de l'assurance-vie : « La position du gouverneur de la Banque de France me semble être une atteinte à la démocratie financière et de nature à faire peur aux épargnants. »

La semaine passée, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a bousculé le milieu de l'assurance-vie en demandant aux assureurs de baisser significativement le taux de rémunération des fonds en euros afin de prévenir les risques en cas de variation importante des taux d'intérêt. Des propos que Christian Noyer a réitéré ce mardi matin en ouverture d'une conférence de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Il a demandé aux assureurs de provisionner leur participation aux excédents (PPE), c'est-à-dire la réserve qui leur permet de lisser les rémunérations d'une année sur l'autre.

Une prise de position qui n'a visiblement pas plu à Gérard Bekerman, le président de l'Afer, association d'épargnants aux 713.500 adhérents et qui propose un contrat collectif d'assurance-vie. Dans une interview au Figaro publiée samedi, il a mis en doute la légitimité de cette recommandation : « Elle n'a sans doute pas choqué les assureurs, mais elle choque les assurés. Je ne savais pas que le taux de rémunération de l'assurance vie était un taux d'escompte ! Un gouverneur n'a pas vocation à communiquer sur ce type de taux. Cette mission incombe au Trésor public. » Le président de la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA) Bernard Spitz a réagi plus modérément aux propos de Christian Noyer, estimant qu'il était dans son droit en tant que président de l'ACPR.

Même l'Afer va lisser ses rendements

« Le taux de l'assurance-vie n'est pas un taux qui se décrète ou se fabrique. A l'Afer, notre taux est naturel », affirme par ailleurs Gérard Bekerman. Paradoxalement, dans cette même interview, il donne raison à Christian Noyer sur le provisionnement de la PPE. Si l'Afer n'a traditionnellement pas recours à cette réserve, l'association répétant régulièrement qu'elle distribue tous ses profits à ses adhérents, ses statuts lui permettent actuellement de recourir à cette solution.

Et Gérard Bekerman a laissé entendre que cette PPE pourrait être provisionnée cette année : « Notre monde est plus instable et plus incertain. Il serait sans doute sage de mettre un peu de côté sous forme de provision pour participation aux excédents (PPE). C'est une résolution que nos adhérents ont votée en assemblée générale. Il n'y a pas de confiance sans prudence. Avec des marchés volatils, surtout si une hausse des taux devait être brutale, il est normal de réfléchir à l'idée d'étaler la performance de nos fonds euros dans le temps. Mais nous le ferions avec parcimonie. »

Comme de coutume, l'Afer devrait communiquer le rendement de son fonds en euros dans le courant du mois de janvier.