Le site internet de prescription d’assurance-vie Good Value For Money (GVFM) revoit à la baisse sa prévision 2014 de rendement moyen pour les fonds euros des assurances-vie, suite à l’appel à la modération lancé la semaine passée par le gouverneur de la Banque de France.

Dans son baromètre 2014 de l’épargne-vie publié en avril dernier, Facts & Figures - cabinet de conseil fondé par l’éditeur de GVFM, Cyrille Chartier-Kastler - annonçait un rendement moyen 2014 compris entre 2,50 et 2,60%. Dans sa dernière newsletter en date, expédiée le 1er novembre, GVFM est moins optimiste : « (…) nous estimons que le secteur devrait ramener les taux servis pour 2014 à environ 2,20%. »

Ce sont les récentes déclarations de Christian Noyer qui ont changé la donne. Il y a une semaine, le gouverneur de la Banque de France a appelé à une baisse « significative » des rendements 2014 de l’assurance-vie. Selon GVFM, « compte tenu de la fonction de l’émetteur de cette requête d’une part et du caractère hautement réglementé et contrôlé de l’assurance en France », l’appel devrait être entendu par les assureurs-vie.

Les OAT 10 ans au plus bas

GVFM éclaire l’intervention de Christian Noyer de quelques explications. Il rappelle notamment que les assureurs sont incités par la future réglementation « Solvabilité II » à placer davantage d’obligations dans leurs fonds en euros, notamment des OAT 10 ans, titre de dette souveraine française. Problème : le rendement de ces titres est actuellement à un niveau historiquement bas : 1,17% le 31 octobre 2014. « Concrètement pour un assureur-vie, acquérir une OAT dont le rendement n’est que de 1,17 % ne permettrait de servir qu’un taux de l’ordre de 0,20 à 0,30% sur son fonds en euros », explique GVFM.

Dans ce contexte, les assureurs auraient tout intérêt à limiter au maximum leurs placements en OAT 10 ans : « le scénario « idéal » pour éviter un problème systémique à l’assurance-vie serait celui d’une collecte nette nulle », confirme GVFM. C’est pourtant loin d’être le cas : depuis le début de l’année, les Français ont versé près de 18 milliards d’euros supplémentaires sur leurs contrats. Les assureurs se retrouvent dans la situation de placer une grande partie de cette collecte sur des titres faiblement rémunérateurs. D’où le « risque systémique » pointé par Christian Noyer et confirmé par GVFM en cas de remontée brutale des taux, par exemple à l’occasion d’un nouvelle crise de la dette en Europe.

Le choix de la prudence

Pas de panique pour autant : dans l’immédiat, les compagnies peuvent toujours compter sur leur stock d’obligations plus anciennes et mieux rémunérées, et sur leurs réserves (les fameuses PPE, « provisions pour participation aux excédents), pour éviter une chute trop rapide de la rémunération de leurs fonds.

Sous la pression du gouverneur de la Banque de France, elles devraient toutefois faire le choix de la prudence, en alimentant « de l’ordre de 0,30% à 0,50% » leur PPE, ce qui aura pour effet de ramener « les taux moyens servis à 2,20% ». « Net d’inflation, le rendement de l’assurance-vie (net de frais et de prélèvements sociaux) serait d’environ 1,35% » conclut GVFM.