Le ministre des Finances Michel Sapin a défendu mardi à l'Assemblée nationale les économies prévues les prochaines années, dont 21 milliards d'euros en 2015, comme un « besoin » pour baisser les impôts mais aussi pour financer les priorités comme la jeunesse ou l'emploi.

Dans son discours de « vérité et de volonté » en ouverture des débats sur la programmation des finances publiques jusqu'en 2019 et sur le budget 2015, il a insisté sur le « maintien des engagements » d'économies et de baisses d'impôts pour les entreprises ainsi que les ménages, malgré un objectif de réduction du déficit public à 3% du PIB encore repoussé vu la conjoncture « plus difficile que prévu » qu'au printemps.

Le ministre a réaffirmé que « notre politique économique est inchangée » mais que « le déficit se réduira plus lentement que prévu » car la France veut éviter « un enlisement dans une période de faible croissance et de faible inflation ».

Baisses d'impôt : « c'est grâce aux économies »

Il a aussi clamé que « c'est grâce aux économies que nous pouvons financer les baisses de prélèvements », que « nous redonnons 3,2 milliards d'euros aux ménages moyens et modestes » par la suppression de la première tranche d'impôt sur le revenu et que ce budget est « le premier depuis 5 ans qui ne prévoit pas de mesure transversale susceptible d'alourdir l'impôt sur le revenu ».

Alors qu'une partie de la majorité conteste certaines coupes budgétaires programmées, ce proche de François Hollande a jugé que « nous avons aussi besoin » des économies budgétaires pour dégager les moyens de financer les priorités, « la jeunesse, l'emploi, la solidarité et la sécurité, y compris la défense ». Et de souligner, à l'approche du verdict de la Commission européenne sur le budget français, que « ces économies sont décisives pour notre crédibilité vis-à-vis des Français, comme vis-à-vis des Européens et des observateurs extérieurs ».

Eckert : le gouvernement a « pris (ses) responsabilités et celles de (ses) prédécesseurs »

Affirmant que le gouvernement actuel avait « pris (ses) responsabilités et celles de (ses) prédécesseurs », le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert a assuré face à certaines craintes que « la volonté d'économies n'est pas aveugle » et « ne remet en cause ni la légitimité de la dépense publique, ni les protections accordées aux plus démunis, ni les investissements ».

Sur les collectivités territoriales, le gouvernement est « prêt à trouver lors du débat parlementaire les moyens d'assurer que les économies préservent la capacité d'investissement », mais hostile à un amendement voté en commission qui coûterait 4 à 5 milliards d'euros et dépasserait l'effort pour les ménages modestes et les classes moyennes, selon Christian Eckert. « Pour nos concitoyens, il serait incompréhensible que (les collectivités) ne réalisent pas d'efforts à hauteur de leur part dans la dépense publique, comme le font l'Etat, les organismes de protection sociale. L'impact de la baisse des dotations sur l'investissement local peut être absorbé », selon lui.

Quant à une aggravation de la crise du bâtiment qui découlerait de la baisse des dotations aux collectivités, le secrétaire d'Etat a objecté que cette crise a été prise en compte dans le texte avec 1,3 milliard d'euros de soutien au secteur et la priorité donnée aux opérations de rénovation énergétique qui permettent de remplir immédiatement le carnet de commande.

A l'attention des écologistes, Christian Eckert a aussi insisté sur l'effort en faveur de la transition énergétique, notamment sur la « fiscalité verte ».