Les statistiques d’évolutions monétaires de la Banque de France pour le mois d’août 2014 confirme une tendance lourde : face à la faiblesse des rendements des produits d’épargne bancaire, les résidents français (1) prennent de moins en moins la peine de placer leurs liquidités, préférant les conserver sur leurs comptes courants.

Selon les chiffres publiés aujourd’hui par la Banque de France, l’encours des dépôts à vue en France a atteint les 630 milliards d’euros en août 2014, en progression de +4,8% sur un an, après +4% en juillet et +5,7% en juin. Il faut ainsi remonter à mars 2013 pour trouver trace d’une évolution négative.

A l’inverse, les dépôts sur les comptes sur livrets - catégorie qui inclut le Livret A, le Livret de développement durable (LDD), le Compte épargne logement (CEL), le Livret d’épargne populaire (LEP), les livrets jeunes et les livrets fiscalisés - se contractent : -1,1% sur un an en août, après -1% en juillet et -0,4% en juin. Les résidents se détournent notamment du Livret A, comme l’ont montré les récents chiffres de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui pointe une décollecte nette de presque 500 millions d’euros en août après un milliard en juillet

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Conséquence, l’encours total des sommes présentes sur les comptes courants dépasse actuellement celui des comptes sur livrets, qui plafonne à 624 milliards d’euros. Une situation qui n’est pas inédite, mais était devenue rare depuis deux ans.

Léger déclin des livrets depuis un an

La faiblesse actuelle de la rémunération des comptes sur livret est évidemment en cause dans ce basculement. Depuis le 1er août, le Livret A et le LDD ne rapportent plus que 1% net. Les livrets ordinaires, de leur côté, affichent en moyenne un taux de 1,12% (2) avant fiscalité. Conséquence : après un pic historique en juillet-août 2013, lorsque leur encours avait approché les 632 milliards d’euros, les comptes sur livret stagnent, voire déclinent légèrement.

Dans ce contexte, les résidents préfèrent conserver leur argent disponible sur leurs comptes courants plutôt que de le placer. Une tendance déjà visible en 2013, où la croissance de l’encours des dépôts à vue avait déjà été soutenue (+19,6 milliards) mais qui s’accentue encore en 2014 : en huit mois, de janvier à août, les résidents français ont déjà engrangé plus de 26 milliards d’euros supplémentaires sur leurs comptes courants.

(1) Cette catégorie comprend les ménages mais également les sociétés non financières et les administrations publiques non centrales, notamment.

(2) Rendement moyen des livrets ordinaires en juillet 2014, selon la Banque de France.