Le constat a été présenté à maintes reprises ces derniers mois : les Français boudent le Livret A au profit des Plans épargne logement (PEL) et, surtout, de l’assurance-vie. Deuxième constat : depuis 2013, l’assurance-vie en unités de compte (UC) a le vent en poupe. Mais, pour le grand public, choisir entre les divers supports en UC, risqués par définition, peut s’apparenter à un casse-tête. Jean-Paul Raymond, directeur du développement de Quantalys, spécialiste de l'analyse des fonds et contrats d'assurance-vie, livre ses conseils.

Certains contrats d’assurance-vie proposent plusieurs centaines de fonds. D’autres une sélection restreinte d’une quinzaine d’unités de compte. Que faut-il privilégier ?

« Les sélections ne sont pas uniquement réalisées sur des critères qualitatifs mais aussi en fonction d’accords ou de partenariats entre assureurs et sociétés de gestion. Le mieux est de souscrire à un contrat disposant de 200 supports minimum, ce qui constitue la norme pour les contrats sérieux sur internet. Ensuite, si l’on veut miser sur les unités de compte, il faut en premier lieu voir si les frais d’arbitrages sont importants, ou gratuits. »

Si l’assuré gère lui-même son portefeuille d’unités de compte, sur combien de supports lui conseilleriez-vous d’investir ?

« La grande bêtise faite par beaucoup d’épargnants voire même de professionnels est de dire : ''J’ai une partie de mon contrat en unités de compte et celle-ci est investie à 100% en actions européennes, tout le reste de l’épargne étant placée sur le support en euros''. Dans ce cas de figure, avec un profil risqué, l’argent va bien souvent être placé à 50% sur les fonds investis en actions et à 50% sur le fonds euros. Avec un profil prudent, ce sera 80% sur le fonds euros, 20% sur les UC actions. C’est exactement ce qu’il faut proscrire ! »

Pourquoi ?

« De cette manière vous concentrez tout le risque sur un seul type d’UC. Avec le risque spécifique qui en découle : si les actions Europe se mettent à dévisser, vous encaissez une perte en capital. Or il est possible de ne placer que 30% sur le support en euros tout en disposant in fine d’un contrat moins risqué ! Car avec les unités de compte, vous pouvez intégrer plusieurs types d’actifs au portefeuille : des obligations, des fonds flexibles, des actions européennes, internationales, émergentes, etc. Si vous avez un contrat conséquent, de 100.000 euros, vous pouvez miser sur six à huit classes d’actifs différentes. Elles vont réagir différemment selon les aléas du marché mais les hausses des unes vont compenser les baisses des autres. La logique est différente en cas de contrat d’assurance-vie avec un montant moindre, de 10.000 voire de 1.000 euros. Dans ce cas, le mieux est de miser sur un fonds flexible puisque le gestionnaire de ce fonds va lui-même réaliser l’allocation d’actifs. En choisissant bien ce fonds flexible, cela revient quasiment au même qu’en optant pour une gestion sous mandat, sans payer les frais liés à cette option. »

Si l’assuré mise sur six à huit classes d’actifs comme vous le conseillez, doit-il posséder une ou plusieurs UC par classe ?

« Cela dépend de la taille du portefeuille. Mais un fonds par classe d’actifs, c’est déjà bien ! De cette manière, vous pouvez intégrer des UC contrebalançant les mouvements des autres : les matières premières ont par exemple tendance à remonter quand les marchés baissent. Les fonds immobiliers — SCPI, OPCI, etc. — peuvent avoir le même effet. Attention toutefois, il ne faut pas trop miser sur ce type de fonds : 5% du portefeuille d’UC par fonds de diversification peut suffire. »

Concrètement, quelle répartition préconisez-vous actuellement ?

« Les allocations d’actifs qui nous proposons à nos utilisateurs comprennent huit classes d’actifs, couvrant un éventail traditionnel : un support en euros, des obligations Europe, des obligations internationales, des actions France, des actions Europe, des actions USA, des actions Asie et des actions émergentes. L’utilisateur peut ensuite rajouter un fonds flexibles, un fonds lié à un secteur en particulier, des fonds de diversification, etc. »

Parmi la multitude de supports disponibles dans un contrat d’assurance-vie, comment choisir entre divers fonds appartenant à la même famille ?

« Par exemple en allant sur des sites comme le nôtre (Quantalys.com, NDLR) ou celui de notre concurrent Morningstar, pour comparer le comportement des différents fonds. »

Et en se basant uniquement sur les fiches disponibles via le distributeur d’assurance-vie ? Faut-il se fier à la note ?

« La note est en effet le premier critère de sélection du point de vue du grand public. En cas de fonds similaires, avec une note équivalente, les particuliers peuvent se baser sur le ratio de Sharpe qui correspond, en simplifiant, à la division du rendement par la volatilité. Cela permet de déterminer le fonds qui offre le meilleur rendement pour le risque pris. Un autre indicateur, de plus en plus mis en avant sur ces fiches, est l’indicateur de la perte maximale sur la période. Cela permet de voir quels sont les fonds qui ont été les plus résistants dans les périodes de baisse. Mais ces informations restent indicatives car elles décrivent le passé et ne préjugent pas des performances futures. »

Retrouvez la suite de l’interview de Jean-Paul Raymond dans l'article : Assurance-vie en unités de compte : comment réagir aux soubresauts du marché ?