Trois syndicalistes comparaissent mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour « séquestration », accusés d'avoir retenu trois membres du directoire de la Caisse d'Epargne, en 2010, lors d'un mouvement de grève.

Le 15 avril 2010, après trois jours d'un mouvement social qui a duré quatre semaines, une centaine de grévistes de la Caisse d'Epargne d'Ile-de-France avaient « retenu » pendant un peu moins de deux heures des membres du directoire dans l'un des sièges de l'entreprise à Paris, avait à l'époque expliqué la direction.

« Ils n'ont séquestré personne », affirme Me Antoine Comte, avocat de deux des prévenus, syndicalistes Sud, les responsables syndicaux ont « essayé de faire le tampon » pour que les négociateurs ne se retrouvent pas face aux grévistes. « Il faut leur rendre hommage d'avoir calmé les choses », estime Me Comte. Pour Me Jérôme Karsenti, qui défend le troisième prévenu, syndicaliste CGT, il ne s'agissait pas de « rétention » mais de « protection ». Aucun des dirigeants n'est partie civile à l'audience, ont affirmé les deux avocats.

Un plan social supprimant 551 postes administratifs

Les trois syndicalistes sont en outre poursuivis pour « tentative d'extorsion », portant sur la signature d'un accord. « Je ne comprends pas de quoi il s'agit », déclare Me Comte, s'il est question de « pression » pour tenter d'obtenir des avantages sociaux, « c'est ça la grève », déclare-t-il y voyant une remise en cause de ce droit. « On met à mal le principe fondamental qu'est la liberté de manifester, la liberté d'expression, la liberté d'être en colère, de revendiquer », considère quant à lui Me Karsenti.

Au terme du conflit social, les salariés, qui protestaient contre la quasi suppression de l'intéressement et un plan social supprimant 551 postes administratifs, avaient obtenu le paiement d'une partie des jours de grève, dix millions d'euros d'intéressement supplémentaires, s'ajoutant à quatre millions qui avaient déjà été versés, et la promesse qu'il n'y aurait pas de licenciement contraint.